
Figure mythique du CR Belcourt, Ahmed Laribi est bien plus qu’un ancien joueur : il incarne une époque, un style, une passion. Membre de la génération dorée des années 70, il a porté le Chabab vers les sommets avec élégance et combativité. Défenseur rugueux et fin technicien, Laribi est devenu l’un des grands artisans du succès de ce qui s’appellera quelques années après le CR Belouizdad. Véritable mémoire vivante du club, Laribi connaît mieux que quiconque la saveur électrique d’un duel en finale face à l’USMA — lui qui a disputé une finale historique contre les Rouge et Noir en 1978. À l’approche d’un nouveau choc entre les deux géants d’Alger, en 2025, Alger16 a eu le privilège de recueillir ses impressions, son analyse aiguisée à travers un entretien exclusif à ne pas rater.
Entretien réalisé par G. Salah Eddine
Le CRB a raté le titre cette saison et même une qualification en Ligue des champions. En tant qu’ancien du Chabab, comment évaluez-vous leur saison avant cette finale ?
Je pense que le CRB n’a pas raté sa saison. C’est le Mouloudia qui a été très stable et régulier à travers les matchs et le nombre de points gagnés ou perdus.
En parlant du CRB, c’est vrai qu’ils sont passés à côté d’un titre, d’une qualification en Ligue des champions, mais ils ont la Coupe de la CAF qui est très importante.
Mais dire que le CRB a raté sa saison, je ne suis pas d’accord. Ils sont troisièmes, qualifiés en Coupe de la CAF. Finalistes contre l’USMA. Après, on va revenir à l’USMA.
En toute objectivité, je pense que le CRB a fait une bonne saison. Après avoir été quatre ou cinq fois champion d’Algérie, maintenant le bal est mené par le Mouloudia d’Alger qui enregistre sa deuxième consécration pour le championnat. Il faut le saluer, félicitations.
Justement, que faut-il au club pour retrouver le titre de champion ?
Aujourd’hui, le CRB doit travailler, il doit grandir. Il a quatre ou cinq saisons en Ligue des champions. Ils n’ont pas retenu l’élan, ils n’ont pas tiré d’enseignements, ce qui fait qu’au niveau du recrutement et de pas mal de choses, cela n’avance pas. Le CRB a du travail, il a un véritable chantier. Et puis, quand on voit la composante de chaque match, on remarque qu’il y a un problème au niveau de l’axe. L’axe, ce n’est pas à la base, un axe ça se construit et ça se protège. Mais je pense que d’une manière générale, le CRB est bien parti pour réaliser de bons résultats.
Beaucoup de supporters belouizdadis ont salué le style de jeu du CRB depuis l’arrivée de Ramoviç. Comment voyez-vous le premier mandat de l’entraîneur allemand ?
En parlant du début du mandat de l’Allemand Ramoviç, on sent qu’il y a une mise en place, une animation de jeu, une symbiose. J’aime bien. Je ferai quand même une petite remarque concernant le comportement de Ramoviç lors des matchs. Je trouve qu’il s’excite beaucoup trop parfois, et cela peut jouer un rôle négatif pour les joueurs. Mais ce qui est intéressant avec Ramoviç, pour moi, c’est que pendant des matchs importants de championnat, il n’a pas eu peur, il a pris des risques. Il a donné la chance aux jeunes. Il a donné la chance à Boukerchaoui, Bekkour, Boussouar, Ben Ahmed et à pas mal de joueurs.
Dans d’autres clubs, ils n’auraient peut-être pas eu leur chance. Donner la chance aux jeunes, ça c’est l’essence et l’avenir du club.
Le CRB jouera la Coupe de la CAF, la saison prochaine. Voyez-vous en cette compétition, qui est moins prestigieuse que la Ligue des champions, une possibilité pour le Chabab de laver les désillusions de la Ligue des champions ?
C’est vrai que cette compétition est moins prestigieuse, mais ça reste une compétition africaine. Il y a le nom qui change. La Coupe de la CAF, malgré qu’elle soit moins prestigieuse, Belouizdad doit la jouer à fond. Le CRB a son mot à dire dans cette compétition, pour peu qu’ils ne fassent pas les mêmes erreurs que lors des différents matchs de la Ligue des champions, ces dernières saisons.
Côté USMA, la saison est jugée par beaucoup comme ratée. Il ne reste plus que la Coupe pour la “sauver”. Quelles sont, selon vous, les raisons de l’échec usmiste cette saison ?
Oui, je pense que c’est l’une des plus mauvaises saisons de l’USMA depuis 10 ou 15 ans. C’est vrai qu’il ne leur reste que la Coupe pour sauver la saison, mais est-ce qu’ils sont prêts pour affronter le CRB qui est très en forme en cette fin de saison ? C’est difficile à dire. Quand on voit le dernier match perdu à Oran (4 à 0), c’est une humiliation.
L’entraîneur Mohamed Lacet, depuis qu’il a pris la tête du club, en sept matchs, il n’en a gagné que deux, un nul et quatre défaites. On sent que cette équipe est déjà en vacances et que les joueurs, dans leur totalité, ne respectent pas l’entraîneur Lacet.
Je ne sais pas pourquoi, c’est une impression personnelle. C’est vrai qu’on dit souvent que la Coupe ça se gagne, ça ne se joue pas. Mais pour gagner, il faut jouer.
Enfin, comment voyez-vous la finale et quels sont vos pronostics ?
Je dirais quand même que la finale, c’est toujours du 50-50. Alors oui, l’USMA, depuis un bon nombre de matchs, n’est pas à la hauteur. Ce n’est pas l’USMA qu’on connaît. Même après le départ de Maâloul, l’arrivée de Paquetá, puis de Lacet, les choses n’ont pas avancé.
On n’a pas trouvé de solution pour que ce club retrouve son lustre d’antan. Pour ma part, j’ai déjà joué une finale en 1978, avec le CRB, et c’était contre l’USMA. C’était la première année de la réforme de l’USMA. Malgré notre très bonne génération, on a eu beaucoup de mal, même si on a gagné à la fin. Je sais de quoi je parle. Pour moi, c’est 50-50, et que le meilleur l’emporte. Merci beaucoup.
G. S. E.