La campagne électorale s’est achevée hier à minuit sur l’ensemble du territoire national, faisant entrer le pays dans la phase de silence électoral, le scrutin devant débuter samedi prochain, le 7 septembre.
Retour sur cette bataille électorale, qui a officiellement débuté le 15 août. Les trois candidats en lice, Youcef Aouchiche du FFS, le Président-candidat Abdelmadjid Tebboune et Hassani Cherif du MSP, ont mis le paquet pour convaincre les Algériens.

Les trois candidats ont effectué des sorties sur le terrain dans plusieurs wilayas, alors que leurs équipes de campagne ont sillonné le pays, enchaînant les meetings et les rassemblements populaires.
Youcef Aouchiche, Hassani Cherif et Abdelmadjid Tebboune ont commencé à mettre particulièrement l’accent sur les solutions réalistes inscrites dans leurs programmes en vue de répondre aux défis sociaux. Les défis sociaux, un thème crucial qui influence et façonne le débat public et les stratégies électorales, marquées par des thèmes et des enjeux-clés qui dessineront l’avenir politique et économique du pays.
Voici un tour d’horizon des points forts qui caractérisent cette campagne.
Les programmes électoraux et les efforts pour gagner le soutien des électeurs
Les équipes de campagne des trois candidats à la présidence de la République, Youcef Aouchiche, Abdelmadjid Tebboune et Abdelaali Hassani Cherif, ont lancé des activités préélectorales par le biais d’apparitions dans les médias et de rassemblements locaux. Chaque équipe visait à rejoindre les électeurs en mettant en avant le programme de son candidat et l’importance cruciale du scrutin du 7 septembre.
Une caractéristique commune de la campagne est l’accent mis sur la communication avec les jeunes électeurs, qui constituent une partie importante de l’électorat. La participation des jeunes et leurs opinions sur le processus électoral ont été un sujet constant dans divers médias nationaux depuis le déclenchement des élections.
Cependant, une caractéristique notable de la campagne est la présence d’un programme dédié aux jeunes dans les programmes de tous les candidats.
Engagement envers les Jeunes
Les jeunes sont une priorité centrale dans la campagne de 2024. Les candidats promettent des initiatives pour encourager l’entrepreneuriat et l’innovation parmi les jeunes Algériens. Des programmes de soutien, de formation et de financement seront mis en place pour les aider à créer des entreprises et à développer des projets dans des domaines variés tels que le tourisme, l’agriculture, et les technologies.
Le candidat de gauche du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, sous le slogan «Vision pour demain», s’est engagé à lutter contre le chômage, notamment chez les jeunes, en tenant compte des spécificités et potentialités de chaque région. Il a ainsi promis de revoir les salaires et d’augmenter les allocations destinées aux catégories vulnérables, en proposant d’allouer une partie de la fiscalité pétrolière au financement d’un fonds chargé d’investir dans les grands projets pour la création d’emplois.
Beaucoup plus précis dans ses promesses électorales, le candidat indépentant Abdelmadjid Tebboune s’est quant à lui engagé à créer 450 000 emplois et à porter le montant de l’allocation chômage à 20 000 DA à partir de 2025.
Le Président-candidat s’est engagé à concrétiser les grands projets annoncés à la fin de son mandat, dont le mégaprojet de Gara Djebilet à Tindouf, qui permettra, selon lui, de générer des emplois à Tindouf, Béchar, Oran, Annaba, Jijel, Naâma, ainsi que dans d’autres wilayas, sous le signe de “Pour une Algérie triomphante” qui résume clairement l’ambition de ce candidat qui, après toutes les victoires réalisées, ambitionne de conduire l’Algérie vers le triomphe.
Hassani Cherif, le candidat du Mouvement de la société pour la paix (MSP), a souligné son engagement à élaborer des programmes spéciaux de développement pour les régions du Sud du pays. Le président du MSP a rappelé, par la même occasion, que son programme électoral «Forsa» visait à restaurer le découpage administratif afin d’établir les bases du développement.
réforme globale du système éducatif
Réforme globale du système éducatif en vue d’atteindre un enseignement de haute qualité, allègement des programmes scolaires, augmentation des salaires des enseignants… Les propositions des candidats à la présidentielle sur leurs projets d’éducation nationale sont nombreuses et versent toutes dans le sens de l’amélioration du système éducatif.
L’éducation nationale figure parmi les priorités pour les trois candidats. Pour Hassani Cherif, candidat du MSP, bâtir une école de qualité repose sur un système d’éducation efficace et une reconsidération du rôle de l’enseignant. Il s’engage dans son programme d’aller vers une réforme globale du système éducatif, tous cycles confondus.
Le candidat du FFS, Youcef Aouchiche, a promis d’augmenter de 50% le budget du secteur de l’éducation, de réhabiliter les établissements scolaires et de développer les capacités mentales et intellectuelles des élèves
Le programme du candidat indépendant, Abdelmadjid Tebboune, va dans le sens de la continuité des engagements déjà pris lors de son premier mandat, en accordant une attention particulière à l’amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs du secteur. Il s’agit principalement du dossier du statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l’éducation nationale, pour lequel il s’est engagé de veiller à son enrichissement de manière à répondre aux attentes des personnels du secteur, notamment ceux qui déploient des efforts quotidiens pour éduquer les enfants de l’Algérie.
Réformes Économiques Ambitieuses
L’un des principaux axes de la campagne est la réforme économique. Les candidats mettent l’accent sur la diversification de l’économie algérienne, traditionnellement dépendante des hydrocarbures. Plusieurs projets sont proposés pour renforcer les secteurs de l’agriculture, de l’industrie et des technologies. L’objectif est de stimuler l’emploi, surtout pour les jeunes, et de réduire la dépendance aux importations. Les propositions incluent la création de zones franches, l’ouverture de nouveaux postes frontaliers avec les pays voisins, et le soutien aux startups locales.
Abdelmadjid Tebboune met en avant la continuité de ses réformes économiques, entamées durant son précédent mandat. Il s’engage à poursuivre la diversification de l’économie algérienne en réduisant la dépendance au secteur des hydrocarbures. Parmi ses propositions notables figurent la promotion des investissements dans les secteurs de l’agriculture, de l’industrie, et des technologies, ainsi que l’encouragement des startups. Le candidat indépendant annonce également des initiatives pour attirer les investissements étrangers et stimuler l’innovation locale. Sur le plan économique, il s’est engagé à d’assurer à l’Algérie un PIB de 400 milliards de dollars d’ici à 2027 (il est estimé à 264 milliards en 2024).
Le candidat Youcef Aouchiche propose de réorienter l’économie vers l’industrie manufacturière pour mieux valoriser les ressources naturelles du pays. Il souligne l’importance de transformer les ressources minières et agricoles afin de générer de la richesse et des emplois. Aouchiche plaide également pour une augmentation des exportations non liées aux hydrocarbures, une contribution accrue de l’industrie au PIB, et une meilleure attraction des investissements étrangers directs.
Quant à Hassani Cherif, il plaide pour une économie diversifiée et durable, libérée de l’approche rentière, et estime que cette approche garantit l’efficacité et le bien-être des Algériens avec des normes de croissance élevées, un environnement des affaires attractif et un investissement générateur de richesse.
Dans ce chapitre, M. Hassani Cherif préconise une généralisation de l’assurance qualité et la normalisation du produit national, développer le produit national en vue de l’autosuffisance et de l’exportation. Il est aussi question de la promotion de la marque Algérie à l’étranger, de soutenir le système national à l’exportation.
Développement Régional et Infrastructures
Le développement des régions éloignées, notamment le Grand Sud et les zones rurales, est au cœur des préoccupations. Les candidats promettent des investissements significatifs dans les infrastructures, telles que les routes, les centrales solaires et les complexes agricoles. Cette approche vise à équilibrer les inégalités régionales en améliorant les conditions de vie et en favorisant le développement économique local.
Abdelmadjid Tebboune a placé le développement des régions éloignées, notamment le Grand Sud et les zones rurales, au cœur de sa campagne. Il promet des projets ambitieux, comme le développement de complexes agricoles, la construction de nouvelles infrastructures, et l’extension des réseaux de transport. Comme il l’a exposé lors de son meeting à Djanet, fort de son expérience dans la gestion des wilayas du Sud, il affirme bien connaître les besoins et les revendications de cette région, qu’il estime devoir bénéficier d’une dynamique de développement accrue. Toutes ces initiatives visent à réduire les inégalités régionales et à améliorer les conditions de vie des habitants du sud du pays en prévoyant également de développer le tourisme saharien, en accordant de nombreuses facilités, soulignant le potentiel de développement de la région dans les secteurs de l’agriculture, du tourisme et des services. M. Tebboune s’engage à transformer le Sud en un pôle économique majeur en ouvrant des postes frontaliers avec le Niger et la Libye et en établissant des zones franches.
Cette initiative vise à renforcer la coopération régionale, soutenir l’entrepreneuriat des jeunes, et tirer parti de l’essor économique actuel pour diversifier l’économie nationale.
Pour sa part, M. Hassani Chérif prône pour l’élaboration de politiques visant à équilibrer le développement entre les régions côtières et les régions intérieures. Il propose des incitations pour attirer les investissements et développer les infrastructures dans les régions moins développées.
M. Hassani Chérif évoque une amélioration des infrastructures de transport dans le Grand Sud, la création d’un fonds pour la zakat, et une banque destinée à financer les projets des jeunes. Il a également annoncé une réforme du système bancaire en faveur d’une industrie financière islamique.
Le candidat du FFS Youcef Aouchiche a promis d’augmenter les aides destinées à la construction de logements pour les habitants des zones rurales. Il a indiqué que son programme prévoit une augmentation des aides à hauteur de 2 millions de dinars pour les projets de logements ruraux, visant à favoriser la stabilité des résidents dans leurs régions d’origine. Le candidat du FFS souligne l’importance pour le développement urbain national de prendre en compte l’environnement et les particularités de chaque région.
Réformes Politiques et Gouvernance
La question de la gouvernance est également un sujet-clé. Les candidats proposent diverses réformes pour améliorer l’efficacité et la transparence des institutions gouvernementales. Cela inclut la réforme du système judiciaire, la décentralisation des pouvoirs, et la modernisation des processus administratifs. L’objectif est de renforcer la confiance des citoyens dans les institutions et de garantir une meilleure gestion des affaires publiques.
Soutien aux causes justes
Les trois candidats à la présidentielle algérienne de 2024 s’accordent sur le soutien aux causes justes, telles que les questions palestinienne et sahraouie, qui ont occupé une place centrale dans leurs discours.
M. Hassani Chérif a évoqué la situation délicate à laquelle est confrontée la nation arabo-musulmane, notamment face aux tentatives de division orchestrées par l’Occident et ses alliés sionistes. Il a affirmé que l’Algérie, en raison de ses positions de principe, joue un rôle central dans le soutien des causes justes, notamment la palestinienne et la sahraouie. Le candidat du MSP a appelé les citoyens à se mobiliser en masse pour faire échouer les plans des ennemis et des comploteurs contre le pays.
Abdelmadjid Tebboune a réitéré son engagement à poursuivre la défense des causes justes, en particulier la cause palestinienne, et à renforcer la position de l’Algérie comme puissance régionale. Il considère cet engagement comme un défi important et promet de continuer à soutenir les peuples opprimés tout en œuvrant pour la stabilité régionale.
Youcef Aouchiche s’est engagé à promouvoir une diplomatie algérienne active et à jouer un rôle plus important en tant que médiateur dans les conflits régionaux. Il a également réaffirmé son soutien continu aux causes palestinienne et sahraouie.
Répondre aux préoccupations des citoyens
Les candidats ont fait de la prise en compte des préoccupations majeures du peuple une priorité dans leurs programmes. Des sujets comme le logement et les augmentations de salaire figurent en bonne place dans leurs discours publics et leurs interactions avec les médias. Ces discussions ciblées encouragent l’engagement des électeurs et mettent en lumière l’importance de la participation civique pour maintenir la stabilité nationale.
Propositions positives
Le discours ambitieux des candidats avec leurs programmes qui répondent aux attentes des citoyens présentent des idées positives significatives. Ces propositions couvrent le développement économique en s’inspirant des principes de la Révolution du 1er Novembre, ainsi que la sécurité nationale et la politique étrangère. L’utilisation efficace des médias sociaux, où un débat constructif a émergé, reflte un engagement public accru envers les campagnes électorales.
Utilisation des médias sociaux
Les candidats ont respecté les directives de l’Autorité nationale des élections (ANIE) en adoptant une approche flexible et transparente, sans attaques contre leurs adversaires, en contraste avec les campagnes précédentes souvent marquées par une rhétorique plus conflictuelle. L’importance d’un discours non populiste et centré sur les programmes pour stimuler la participation électorale et l’utilisation judicieuse des médias sociaux pour promouvoir les programmes de campagne a été plus que bénéfique. Cette stratégie contribue à une participation électorale plus élevée, facilitant ainsi la gestion des défis du pays.
Les observateurs des médias nationaux et internationaux mettent en avant le caractère constructif de la campagne présidentielle, en soulignant que les trois candidats se concentrent principalement sur la présentation de leurs programmes plutôt que sur les querelles politiques ou les attaques personnelles.
La campagne s’est déroulée dans un climat particulièrement positif, marqué par une volonté de dialogue constructif et l’absence de discours négatifs. Cette approche est très constructive et vise à sensibiliser l’opinion publique et à éliminer les éléments susceptibles de perturber la campagne et l’élection présidentielle.
Plusieurs analystes politiques prévoient une forte participation électorale, décrivant l’élection comme particulièrement significative pour les citoyens qui voient leur participation comme cruciale pour la stabilité de l’État et la cohésion nationale, surtout dans un contexte de tensions régionales.
Il est tout à fait logique que les observateurs considèrent le candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune comme le grand favori de cette élection. Les arguments en sa faveur sont nombreux. Malgré les difficultés de son premier mandat, aggravées par la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine qui ont ralenti l’économie du pays comme partout dans le monde, le Président sortant a réussi à redresser rapidement la situation, rattrapant le retard accumulé dès la troisième année de son mandat. Le candidat indépendant bénéficie de nombreux soutiens en raison de son engagement pour la stabilité, la continuité et la consolidation des acquis. Ensemble, ces soutiens forment un solide réservoir électoral pour propulser Tebboune vers un nouveau mandat présidentiel.
En revanche, les outsiders comme les dirigeants du MSP et du FFS, Hassani Chérif et Youcef Aouchiche, se lancent dans la course présidentielle pour la première fois depuis plusieurs années. Le MSP n’a pas présenté de candidat depuis 1995. De son côté, le FFS n’a pas été présent à une élection présidentielle depuis avril 1999. L’absence d’une expérience politique concrète dans la gestion des affaires publiques est un facteur important pour les électeurs dans l’évaluation des candidats.
Bien que MM. Hassani et Aouchiche aient attiré des foules lors de leurs meetings, ils manquent d’un véritable réservoir électoral représentatif des différentes composantes de la société, ce qui constitue un handicap sociologique et politique considérable.
Les chances du candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune apparaissent donc réelles et solides.
La seule inconnue reste le taux de participation, qui devrait être plus élevé que d’habitude, plus de 24 millions d’Algériens sont inscrits sur les listes électorales, soit près de 23,4 millions d’électeurs à l’intérieur du pays et plus de 800 000 à l’étranger, ainsi que le résultat final pour le Président sortant, qui est clairement le grand favori face à ses adversaires.