Farid Younes, écrivain , à ALGER16: Auteur de «Le 11 Septembre : L’enfer dans une salle d’attente»

Farid Younes, écrivain algérien à la plume poétique et incisive, plonge au cœur des complexités sociales et psychologiques de son pays. Ses récits vibrent d’une tension palpable entre tradition et modernité, capturant les nuances d’une société en pleine mutation. Son ouvrage marquant sur les événements du 11 septembre explore avec finesse les répercussions de cette tragédie sur notre monde contemporain. Dans un entretien enrichissant, Farid Younes nous a dévoilé ses inspirations littéraires, son parcours unique et sa vision des impacts culturels et politiques qui émanent de son œuvre.

Entretien réalisé par G. Salah Eddine

Bonjour Farid Younes…
Bonjour, je suis ravi d’être avec vous aujourd’hui et je vous remercie pour votre accueil chaleureux.

D’abord, présentez-vous à nos lecteurs. Qui est Farid Younes et quel est son parcours ?
Je suis un ancien journaliste qui a en particulier exercé dans la rubrique sportive, j’ai exercé au journal Liberté. Je suis surtout passionné de littérature et d’écriture. J’aime ce que j’appelle les «savoir uniques», ces thèmes qui transcendnt la barrière d’un seul savoir pour se mêler à des connaissances diverses, issues de cultures diverses.

En tant qu’écrivain et penseur, quel rôle estimez-vous devoir jouer dans la société contemporaine ?
Mon livre n’est pas un chef-d’œuvre littéraire, je ne suis pas Gabriel Maqruez, loin de là… Mon seul but est de faire passer un message, une sorte de rappel pour notre société contemporaine.

Quels sont les auteurs qui vous inspirent et que vous admirez ?
Bien sûr, les prix Nobel sont des incontournables, ce sont de vrais chefs-d’œuvre. Pour les œuvres occidentales, je dirais L’hygiène de l’assassin d’Amélie Nothomb m’as particulièrement plu. Pour les livres arabes j’ai aimé Les fils de la Médina de Naguib Mahfouz. Parmi les auteurs algériens, il y en a plusieurs mais je dirais que Nedjma de Kateb Yacine, pour moi, est le roman de l’Algérie.

Parlons de votre ouvrage, L’Enfer dans une salle d’attente, Cet ouvrage, disponible en libraire à 500 DA, traite des attentats du 11 septembre 2001 non seulement comme un événement historique, mais également comme un instant suspendu dans le temps. Pouvez-vous nous éclairer sur la dimension anthologique que vous associez à cet événement ?
Les attaques du 11 septembre ont marqué un effondrement symbolique de la puissance américaine, révélant la vulnérabilité d’une superpuissance pourtant dominante. Bien que les États-Unis soient la première puissance mondiale, cet événement a exposé leurs limites face à un drame qu’ils peinent à comprendre, rendant difficile l’extraction de leçons concrètes.
Le World Trade Center, symbole de leur apogée économique, souligne cette incapacité à appréhender les enjeux socioculturels en jeu.
Par ailleurs, le cinéma américain, reflet de leur culture, explore souvent cette incertitude, démontrant comment l’incompréhension peut façonner les peurs d’une société entière.

L’une des analogies centrales de votre ouvrage est celle entre les pyramides égyptiennes et les attentats du 11 septembre. Dans un monde moderne obsédé par la vitesse et l’instantané, pourquoi avoir choisi de rapprocher la permanence des civilisations antiques et la chute du World Trade Center ? Quel message souhaitiez-vous transmettre à travers cette comparaison ?
Les Twin Towers représentent l’apogée du monde moderne, une expression de la puissance et de la domination technologique et économique contemporaine. Les pyramides, quant à elles, incarnent les mystères et les merveilles du monde antique, un témoignage de la grandeur des civilisations passées. Dans mon ouvrage, je rapproche ces deux édifices non seulement pour leur monumentalité respective, mais également à travers une perspective religieuse et symbolique qui leur confère une destinée commune transcendant les âges.
Quant aux détails précis, je préfère laisser aux lecteurs le soin de découvrir l’essence de cette comparaison dans le livre.

Dans cet ouvrage vous écrivez «le 11 septembre marque une rupture dans le traitement de l’information. Faut-il opposer la presse écrite qui est souvent plus attaché à la qualité et à la profondeur de l’information, et des médias audio-visuels qui privilégient le format court, plus facile».
Pourriez-vous développer cette critique et expliquer comment la «lenteur» du papier favorise une compréhension plus profonde des faits historiques ?

La télévision repose sur la force de l’image instantanée, qui capte l’attention par sa rapidité et son impact visuel. Lors des événements du 11 septembre, par exemple, ce sont les images spectaculaires des avions percutant les tours qui ont dominé l’imaginaire collectif. Cependant, ce format court tend à simplifier et parfois à exagérer les faits. En revanche, la presse écrite, par sa lenteur et sa réflexion, offre une analyse plus approfondie et nuancée. Elle permet de prendre du recul, de contextualiser et d’éviter les raccourcis simplificateurs. Lorsque la ligne éditoriale reste objective, elle garantit une information plus précise et équilibrée, ce qui fait de cette époque un moment-clé pour la presse, capable d’aller au-delà de l’immédiateté pour proposer une vraie compréhension des événements historiques.

Votre livre semble explorer la tension entre la modernité matérialiste et les interrogations spirituelles que suscitent des événements aussi tragiques que le 11 septembre. Voyez-vous dans ce drame une forme de retour au sacré, une quête de sens dans un monde qui semble de plus en plus désacralisé ?
Oui c’est le bon mot, c’est le retour au sacré. De plus la société, l’algérienne en l’occurrence, souffre actuellement énormément de plusieurs crises, dont une crise identitaire. J’ai récemment consulté le programme éducatif de nos lycéens algériens, je le trouve inadéquat et très détaché de la réalité algérienne et du monde moderne. Le contraste qu’on voit dans notre société et dans ces différentes tranches révèle pour moi l’urgence d’une action pertinente.

Parlons du contexte littéraire en Algérie. Que proposez-vous pour soutenir les jeunes auteurs ?
J’ai constaté qu’on soutient très peu les auteurs en ce moment, même dans les médias, on trouve très peu de rubriques, d’émissions ou d’articles qui évoquent les écrivains algériens. C’est vraiment triste, on perçoit une déconnexion de la littérature. Je remercie et j’estime énormément le travail de votre média qui ne ferme pas la porte aux intellectuels.
Durant le Salon du livre d’Alger, on donne énormément de moyens et de micros aux auteurs étrangers alors qu’on a des auteurs algériens qu’on ne connait pas et qui sont de très haut niveau. On devrait les soutenir dans notre pays. Il faut les aider.
Je propose également la création d’un salon de la presse car c’est la presse qui donne de la visibilité à chaque autre domaine de l’économie nationale et à la société en général.

Quels thèmes ou événements souhaitez-vous aborder dans vos projets futurs ?
Je prépare un livre sur le thème du sport, je reviens aux sources dans un domaine que j’aime. Il sera consacré à la meilleure équipe du siècle et sera basé sur un système de notation complet.
Petit spoiler : le vainqueur est Argentin.
Il sortira avant la Coupe du monde 2026. Je prépare également quelque chose sur le hirak, une sorte de retour sur les faits, après des années.

Votre mot de la fin…
Un grand merci pour votre accueil, ce fut un plaisir, je reste à votre disposition.

Merci…
Le plaisir est pour moi, je suis ravi de paraitre dans votre journal Alger16.
G. S. E.

ALGER 16 DZ

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