Yahia Benmabrouk, un parcours artistique singulier au service de la cause nationale et de la culture algérienne  

Il y a 20 ans, disparaissait Yahia Benmabrouk, l’acteur créateur connu sous le célèbre nom d’artiste de “L’apprenti”, après une carrière artistique pleine, marquée par son engagement et son militantisme aux formes hautement créatives qui lui ont valu d’être immortalisé dans l’histoire de l’art algérien.

Né à Alger le 30 mars 1928, Yahia Benmabrouk est monté sur scène pour la première fois en 1940 suite à une heureuse coïncidence, où il s’est vu alors appelé à la rescousse par l’homme de théâtre, formateur et responsable de la troupe théâtrale algérienne, le regretté, Mustapha Kateb (1920-1989), en remplacement d’un jeune comédien.

A l’heure où l’Algérie célèbre le 70e anniversaire du déclenchement de la Guerre de Libération Nationale, il est important de souligner le parcours militant de cette grande figure du théâtre et du cinéma algériens qui a voué son talent d’artiste au service de la cause nationale et la Culture algérienne.

Victime d’un attentat perpétré en 1956 par des extrémistes français, Yahia Benmabrouk s’est vu contraint d’arrêter ses activités artistiques, pour revenir deux ans plus tard, en 1958 et participer, comme membre fondateur à la création de la troupe artistique du Front de libération nationale dirigée alors, par Mustapha Kateb.

Fondée en Tunisie en 1958, la troupe historique du FLN s’était fixée pour mission principale de promouvoir la révolution algérienne à l’étranger, à travers un collectif engagé d’artistes, de créateurs et d’intellectuels dans divers domaines des arts de la scène qui a présenté plusieurs de ses performances dans plusieurs capitales du monde.

Après l’indépendance, Yahia Benmabrouk a eu une activité intense au Théâtre national algérien, enchaînant les rôles dans différentes pièces, à l’instar de la toute première, “Hassan Terro” (1963), puis, “Acteur malgré lui”, “Une rose rouge pour moi”, “El Ghoula”, “Ma yenfaâ ghir essah” ou encore, “Es’Soltane el hayer”.

Le regretté a également joué dans “les concierges” (1970), aux côtés d’un grand nombre de figures du théâtre algérien, à l’instar des regrettés, Sid Ali Kouirat, Fatiha Berber et Ammar Marouf, pour se voir distribué deux ans plus tard, dans “L’homme aux sandales de caoutchouc” de Kateb Yacine, devenant ainsi le comédien incontournable au parcours singulier, qu’il continuera d’animer jusqu’en 1983 où il apparaîtra dans “Dj’ha baâ h’marou”.

Grande figure du théâtre postindépendance avec entre autres, Rouiched, Allel El Mohib, Keltoum, Sid Ali Kouiret, Mustapha Kateb et Farida Saboundji, Yahia Ben Mabrouk avait participé à presque toutes les manifestations théâtrales nationales et prit part à nombre de festivals, en Tunisie notamment.

Dans le 7e Art et à la télévision, ses débuts furent en 1967, avec le regretté Hadj Abderrahmane avec qui il avait formé le duo anthologique, “L’inspecteur Tahar et L’Apprenti”, gratifiant durant plusieurs années le public de cinéphiles et les téléspectateurs d’une série de films comiques qui connaîtra un grand succès.

Parmi les films les plus célèbres rendus par ce duo mythique, où Yahia Benmabrouk incarne le rôle de “L’Apprenti” (l’inspecteur adjoint) avec son caractère humoristique décalé et spontané, “L’Inspecteur Tahar” (1967) et “Les vacances de l’Inspecteur Tahar” de Moussa Haddad (1972), qui connaitra un franc succès, “L’Inspecteur Tahar marque le but” (1975) ou encore “Le chat” (1978).

Yahia Benmabrouk a également été distribué dans de grandes œuvres comme le film historique “Chroniques des années de braise” (1975) de Mohamed Lakhdar Hamina, Palme d’or en 1975 au Festival de Cannes, qui raconte la souffrance des Algériens durant les années 1940/1950 et leur condition sociale difficile sous le joug du colonialisme français.

Après la mort de son compagnon Hadj Abderrahmane en 1981, “L’Apprenti” s’était presque totalement retiré de la scène artistique, marquant son retour au cinéma dans “Le Clandestin” (1989) de Benamar Bakhti, qui a remporté un grand succès auprès du public.

Dans les années 1990, le regretté a également participé à un certain nombre d’œuvres cinématographiques et télévisuelles, dont “Cheb” (1991) de Rachid Bouchareb, “Hafila tassir” (1993) et “Les vacances de L’Apprenti” (1999).

Yahia Benmabrouk s’est éteint le 9 octobre 2004, à l’âge de 76 ans.

ALGER 16 DZ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Next Post

Publication de nouveaux ouvrages didactiques pour soutenir l'apprentissage et l'enseignement de Tamazight

mar Oct 8 , 2024
Trois ouvrages didactiques en Tamazight ont été publiés récemment par le Haut commissariat à l’amazighité (HCA), dans l’objectif de soutenir et d’élargir l’apprentissage et l’enseignement de cette langue nationale et officielle. Destinés aux chercheurs, enseignants de la langue amazighe ainsi qu’aux étudiants dans les sections d’alphabétisation et d’enseignement pour adultes, […]

You May Like

Alger 16

Le quotidien du grand public

Édité par: Sarl bma.com

Adresse: 26 rue Mohamed El Ayachi Belouizdad

Adresse du journal: 5-7 Rue Sacré-coeur Alger Centre

E-mail:alger16bma@gmail.com

Numéro de téléphone: 021 64 69 37