
Dans cette interview exclusive accordée à Alger16, le député algérien Abderrahmane Salhi, figure montante de la scène politique, exprime avec fermeté son analyse de l’hostilité croissante de la France à l’égard de l’Algérie. À travers ses déclarations, il souligne le rôle crucial de l’État algérien face à de telles situations. Un entretien où le député, avec une vision claire et sans compromis, défend l’intégrité de son pays et réaffirme la souveraineté de l’Algérie face à toute forme de pression extérieure.
Entretien réalisé par Ammour Ryad
Le Parlement algérien ainsi que plusieurs organisations ont condamné avec “la plus grande fermeté” la résolution du Parlement européen. Pourriez-vous nous donner plus de détails sur cette question ?
Il est certain que la condamnation par le Parlement algérien, dans ses deux Chambres, de la déclaration de l’Union européenne et de son ingérence dans les affaires internes de l’Algérie, suite à l’arrestation et à la détention de l’écrivain français d’origine algérienne, Boualem Sensal, est une décision juste, attendue et légale. Cela donne à l’État algérien le droit de réagir face à cette ingérence manifeste dans ses affaires internes.
Il est évident que l’Algérie, au titre de ses principes, sa Constitution, ses lois et sa législation, appelle au non-interventionnisme dans les affaires intérieures des autres pays, et de la même manière, applique ce principe sur elle-même en ne s’ingérant pas dans les affaires intérieures d’autres pays. Le communiqué ferme de condamnation, émis par le Parlement dans ses deux Chambres, exprime le mécontentement de l’institution législative. Le Parlement, face à cette ingérence, considére que l’Algérie est un pays souverain et qu’aucun pays n’a le droit de nous donner des leçons sur les droits de l’Homme ou sur la manière dont nous appliquons strictement nos lois nationales.
Heureusement, le système judiciaire algérien a arrêté M. Sensal, car ses déclarations portaient atteinte à la souveraineté de l’Algérie, d’autant plus que tous les détails ont révélé qu’il était soutenu par des services de renseignement étrangers et par un pays voisin et frère, ce qui est bien connu. Par conséquent, les institutions législatives ont soutenu cette décision et soutenu l’État algérien et ses institutions dans cette démarche. Il n’est donc permis à aucun pays, quelle que soit sa nature, en particulier l’Union européenne, qui applique des doubles standards dans son traitement entre ce qui s’est passé avec Boualem Sansal et ce qui se passe depuis 15 mois à Ghaza, ainsi que tout ce qui touche au Liban et à d’autres pays.
Quels sont, selon vous, les objectifs de la campagne menée par le Parlement français contre l’Algérie ?
Les objectifs poursuivis par le Parlement français contre l’Algérie sont une tentative désespérée et vouée à l’échec d’un système contraint par des conséquences internes. Nous savons qu’il y a, jusqu’à présent, trois gouvernements français qui n’ont pas réussi à sortir de la situation actuelle en France. Il y a un échec cuisant du président Emmanuel Macron à gérer plusieurs questions, dont son soutien évident à Netanyahu en appuyant les massacres sionistes à Ghaza, ainsi que sa participation présumée à des frappes militaires au Yémen et dans d’autres endroits.
Les véritables objectifs sont que l’Algérie a privé la France de plusieurs appels d’offres, comme l’appel d’offres pour le blé, et l’a privée d’avantages économiques qui ont eu un impact négatif sur l’économie française.
Ainsi, il y a une tentative de détourner l’attention sur l’Algérie et de changer la direction du conflit, passant d’un conflit économique à un conflit politique. Mais cela ne portera pas ses fruits, si Dieu le veut, car l’Algérie ne parle pas beaucoup, elle agit. Contrairement aux discours des médias français, au lieu que Macron s’attaque à l’extrême droite en France, il détourne son attention médiatique vers l’Algérie, qui a réussi aujourd’hui à diversifier son économie et à se libérer de la dépendance pétrolière.
Il y a de réels efforts en cours aujourd’hui, et un écartement des entreprises françaises des appels d’offres.
D’autres pays, notamment la Chine, l’Allemagne et la Suède, sont maintenant présents, ce qui dérange la France, car elle n’est plus le premier partenaire économique de l’Algérie après des décennies de coopération étroite entre les deux pays.
Quelles mesures la diplomatie algérienne met-elle en place pour contrer cette campagne et protéger les intérêts de l’Algérie ?
Concernant les actions de la diplomatie algérienne, tout d’abord, avant les mesures diplomatiques, il y a des actions internes prises par l’État, notamment à travers la convocation du Conseil supérieur de la sécurité et la réunion du Conseil des ministres qui s’est tenu dimanche dernier, où il a été décidé de ne pas revoir cet accord. Ainsi, il y a des questions internes sur lesquelles l’Algérie est en train de réfléchir, en particulier cet accord, et son contenu sera principalement centré sur la présidence du Conseil, qui sera dirigé par l’Algérie, et son rôle à la tête de l’ONU.
Ce que fait Amar Bendjama, bien sûr, fait partie de ces démarches, avec l’équipe diplomatique. Et en tête de cette équipe, le ministre des Affaires étrangères, qui sait ce qu’il fait et comment il agit.
Il y a également une grande dynamique diplomatique, avec de nombreuses visites de Présidents européens, asiatiques et africains en Algérie, et une tournée marathonienne effectuée par différents ministres en tant que représentants du président de la République. On a remarqué que le ministre de l’Energie, M. Akrab, est ces jours-ci en Afrique, de même que le ministre de la Santé, qui a également été en Afrique, précédemment aux États-Unis et en Europe. Plusieurs ministères mènent ces tournées marathoniennes, ce qui fait partie des efforts diplomatiques pour clarifier la position de l’Algérie.
Il y a aussi des lettres officielles remises par le président de la République Abdelmadjid Tebboune aux dirigeants et présidents du monde entier. L’Algérie a, bien sûr, un plan méthodique qu’elle suit, sans faire trop de bruit, mais elle sait ce qu’elle fait, que ce soit dans l’ombre ou à travers les plateformes médiatiques.
Je pense que les efforts de M. Bendjama au Conseil de sécurité des Nations unies sont bien conscients de l’ampleur des défis et des efforts nécessaires. Ces mesures, j’en suis convaincu, porteront leurs fruits et il n’y a pas de raison de craindre pour l’Algérie.
Pensez-vous que cette situation pourrait affecter la coopération économique entre les deux pays, notamment dans les secteurs-clés comme l’énergie et les affaires commerciales ?
Aujourd’hui, il y a une grande ouverture de la Chine sur le marché algérien, avec des contrats see chiffrant en centaines de milliards entre la Chine et l’Algérie. Il ne faut pas non plus oublier qu’à la fin de l’année 2026, le produit intérieur brut (PIB) de l’Algérie atteindra 400 milliards, et cela sera principalement réalisé grâce à l’investissement dans le secteur des mines, en particulier avec l’un des plus grands gisements au monde, le gisement de Gara Djebilet. Il ne faut pas oublier non plus que la connexion de ce gisement avec les ports d’exportation, via la construction d’une ligne ferroviaire reliant Gara Djebilet à Tindouf puis à Béchar, sur une distance de 900 km, et la liaison avec les lignes ferroviaires menant à Oran et au port, contribueront à augmenter les exportations de cette matière première, ainsi que de ses dérivés en fer.
Il ne faut pas non plus oublier l’orientation vers la production d’hydrogène vert et du phosphate dans l’est de l’Algérie, notamment à Tebessa. En outre, il y a des investissements dans la mine de zinc et de plomb d’Amizour, à Béjaïa.
Il ne faut pas non plus négliger le secteur agricole, car l’Algérie tente d’atteindre l’autosuffisance alimentaire d’ici la fin de 2025, après avoir longtemps importé du blé français. Désormais, l’Algérie a modifié les règles du jeu en excluant les entreprises françaises des appels d’offres, ce qui a provoqué la colère de la France.
Cependant, il est important de souligner qu’il n’y aura probablement aucun impact négatif sur la situation économique et les relations entre les deux pays, avec le changement de cap de l’Algérie vers d’autres partenaires, principalement la Chine populaire.
Quelles actions concrètes le Parlement algérien pourrait-il entreprendre pour améliorer l’image de l’Algérie face aux critiques extérieures ?
Vraiment, je ne pense pas qu’il y ait des critiques extérieures qui justifient que le Parlement prenne des mesures. Le Parlement algérien, sous la direction de Ibrahim Boughali, président de l’Assemblée populaire nationale, qui est également le président de l’Union des Parlements arabes, joue son rôle. À chaque occasion, dans différents coins du monde, il clarifie la position de l’Algérie sur diverses questions, en tête desquelles la cause palestinienne et la question sahraouie. Ainsi, le Parlement défend l’Algérie et œuvre à améliorer son image.
Il est aussi important de souligner que la France ne peut pas se substituer à l’Union européenne, car l’Union européenne est représentée par plusieurs autres pays, plus puissants économiquement et démographiquement que la France, comme l’Allemagne.
Il ne faut pas oublier que l’Algérie a aussi ouvert des relations avec différents pays. Il y a des partenariats entre l’Algérie et l’Italie, des relations politiques, économiques et militaires fortes entre l’Algérie et le Portugal, ainsi que des relations avec l’Ukraine, qui aujourd’hui traverse une grave crise avec une guerre militaire intense contre son allié stratégique, la Russie.
Cependant, l’Algérie maintient une position équilibrée vis-à-vis de tous ces acteurs. Ce que fait la France relève d’efforts désespérés. Par exemple, l’Espagne s’est souvent plainte du traitement de l’Algérie, mais heureusement, ils n’ont pas réussi à faire bouger un seul cheveu de l’Algérie, car, comme je l’ai dit, il y a une vision prospective des décideurs du pays, et une gestion sage de ces situations et événements.
Ainsi, le Parlement algérien, à travers les forums mondiaux et la représentation des députés de l’Assemblée populaire nationale lors des différentes occasions diplomatiques mondiales, adresse sans aucun doute des messages aux différents pays du monde concernant les relations de l’Algérie.
Le mot de la fin…
Vraiment, un dernier mot je voudrais dire qu’il n’y a aucune crainte pour l’Algérie grâce à la présence d’institutions constitutionnelles solides. Il n’y a pas de crainte pour l’Algérie aujourd’hui avec l’orientation vers la construction d’une économie forte. il n’y a pas de crainte pour l’Algérie grâce à la présence d’une institution militaire constitutionnelle forte, une armée qui protège l’Algérie. Il n’y a pas de crainte pour l’Algérie aujourd’hui grâce à des relations économiques solides qui s’élargissent grâce à une vision prospective. Il n’y a pas de crainte pour l’Algérie aujourd’hui, tant qu’il y a des réformes profondes qui ne négligent aucun secteur, récemment le secteur de la santé avec la promulgation de la loi fondamentale et la loi sur l’éducation. Il n’y a pas de crainte pour l’Algérie, aujourd’hui grâce aux efforts de l’État algérien pour améliorer les conditions de vie et la situation interne. Il n’y a pas de crainte pour l’Algérie, tant qu’il existe des grandes puissances qui connaissent la valeur de l’Algérie. Et pour finir, il y a eu la déclaration du président américain et la visite du commandant de l’Africom en Algérie. Il n’y a pas de crainte pour l’Algérie, tant qu’il y a un peuple qui connaît la valeur de son pays et les sacrifices de ses martyrs. Il n’y a pas de crainte pour l’Algérie, tant qu’il y a un président nommé Abdelmadjid Tebboune.
A. R.