Mettre fin à la répression et à la violence à l’encontre des Sahraouis : Des experts de l’ONU exhortent le Maroc

Dans une prise de position ferme, huit rapporteurs spéciaux des Nations unies ont adressé une communication conjointe au gouvernement marocain, l’exhortant à mettre fin “immédiatement” à la répression ciblant les Sahraouis dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Les experts onusiens dénoncent une “campagne de répression, de discrimination raciale et de violence menée par le Maroc contre les défenseurs sahraouis des droits humains, les journalistes et les partisans de l’autodétermination”, une vague répressive qui, selon eux, aurait déjà fait 79 victimes.
Pointant du doigt une politique systématique de musellement de la contestation sahraouie, les rapporteurs appellent Rabat à “mettre immédiatement fin à ces violations, à respecter ses obligations internationales en matière de droits humains et à garantir que le peuple du Sahara occidental puisse pleinement exercer son droit à l’autodétermination, conformément au droit international”.
Au-delà du droit à l’autodétermination, les rapporteurs insistent sur la nécessité de garantir les libertés fondamentales. Ils appellent ainsi au respect des droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, et demandent qu’une lumière soit faite sur toutes les allégations d’abus, avec des enquêtes indépendantes et une justice rendue aux victimes.
Cette nouvelle alerte s’inscrit dans une série de communications formulées par l’ONU au cours des cinq dernières années. Elle fait écho à une plainte introduite par plusieurs organisations sahraouies, parmi lesquelles le Groupe de travail sur les droits de l’homme au Sahara occidental occupé, l’Association sahraouie des victimes de graves violations des droits de l’homme commises par l’État marocain (ASVDH) et le Collectif des défenseurs des droits humains sahraouis (CODESA).
Depuis le dépôt de cette plainte, deux des victimes citées dans le dossier, Fatimato Dahouar et Hijji Mbarek, sont décédées, sans que justice ne leur ait été rendue.

Un climat de répression systémique documenté avec précision
Malgré les réponses formulées par le Maroc à plusieurs communications antérieures, les rapporteurs des Nations unies expriment leur “inquiétude” quant à l’aggravation notable des pratiques de répression, de harcèlement et de discrimination visant les individus et les organisations sahraouies.
Le document onusien met en lumière un ciblage “systématique et généralisé” des militants sahraouis et des défenseurs des droits humains, notamment en raison de leur engagement en faveur du droit à l’autodétermination. Les autorités marocaines, selon les rapporteurs, répriment de manière persistante les revendications pacifiques des Sahraouis et les actions menées dans le cadre de leur lutte politique et identitaire.
La communication dresse un tableau alarmant : intimidations, détentions arbitraires, violences policières, surveillance constante, restrictions de mouvement et représailles répétées contre ceux qui participent à des manifestations pacifiques ou s’expriment dans des forums internationaux. Ces atteintes ne visent pas uniquement les individus, mais s’étendent également aux structures collectives de mobilisation.
Les ONG locales ne sont pas épargnées : leurs locaux sont régulièrement bloqués, leurs activités entravées et leurs déplacements sévèrement restreints, ce qui complique davantage le travail de documentation et de plaidoyer sur le terrain.
Dans ce contexte, les rapporteurs spéciaux des Nations unies expriment leur “profonde préoccupation” face à des informations concordantes indiquant que “les activistes sahraouis, les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes et les avocats qui défendent le droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental et l’identité sahraouie sont cibles de surveillance, de harcèlement et d’intimidation orchestrés”. Une situation qui, selon eux, constitue une entrave grave au respect du droit international et aux engagements internationaux du Royaume du Maroc.

Un droit à l’autodétermination constamment entravé
Les rapporteurs spéciaux se disent également “préoccupés” par les multiples témoignages faisant état de la répression systématique des rassemblements pacifiques appelant à l’autodétermination du peuple sahraoui. Ils dénoncent les restrictions persistantes à la liberté d’expression, d’association et de réunion, ainsi que les mesures punitives prises à l’encontre de ceux qui diffusent des déclarations ou discours en faveur de ce droit fondamental.
Selon la communication, les Sahraouis sont exposés à un ensemble de pratiques discriminatoires allant du profilage racial à l’expropriation foncière, en passant par la privation d’un logement décent, la surveillance intrusive et les violences policières. Ces atteintes sont qualifiées de “structurelles” et “systémiques”.
Plus grave encore, le document onusien pointe une politique d’implantation de colons marocains facilitée par l’administration. “Cependant, les terres sont mises à la disposition des colons marocains qui reçoivent un soutien financier pour la construction”, note-t-il, illustrant une dynamique de dépossession accompagnée d’une colonisation encouragée par l’État marocain.
Les experts onusiens rappellent, enfin, que le Sahara occidental reste reconnue par les Nations unies comme un territoire non autonome, une désignation datant de 1963. À ce jour, soulignent-ils, “c’est le seul territoire non autonome restant dans la région africaine”, ce qui confère à la question sahraouie une dimension particulière dans le contexte du droit international et des processus de décolonisation toujours inachevés.
Il appartient désormais aux institutions internationales, aux États membres et à la société civile de faire écho à ces appels et de traduire cette alerte en action concrète pour que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui cesse d’être une promesse différée.
G. Salah Eddine

ALGER 16 DZ

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