
Les chemins de fer représentent un levier stratégique pour le développement économique, l’intégration territoriale et la connectivité régionale, tant en Algérie qu’à l’échelle africaine, où ils constituent une infrastructure clé pour stimuler les échanges commerciaux et réduire les inégalités régionales. C’est dans ce contexte qu’Alger16 a rencontré M. Bendekoum Sideny-Djamil, directeur de la construction ferroviaire au sein du Groupe public de construction ferroviaire (GCF Spa) algérien, pour évoquer les ambitions et les réalisations du pays dans ce domaine.
Entretien réalisé par G. Salah Eddine
Alger16 : M. Bendekoum, pouvez-vous nous présenter le périmètre d’action de votre groupe dans le secteur ferroviaire ?
M. Bendekoum : La réalisation des chemins de fer relève du ministère des Travaux publics et des Infrastructures de base. Notre groupe compte quatre sociétés spécialisées dans le domaine ferroviaire. Deux d’entre elles, Infravier et InfraRail, sont dédiées à la construction des voies ferrées. Nous disposons également d’usines qui produisent les traverses et de carrières pour le ballast utilisé dans la pose des voies. La troisième société, Rail Élec, prend en charge l’électrification des lignes, tandis que la quatrième, un bureau d’études spécialisé, assure à elle seule près de 90 % des études ferroviaires menées actuellement au niveau national.
Quels sont aujourd’hui les grands objectifs du programme ferroviaire algérien ?
Les projets portés par l’État sont ambitieux. Nous visons, d’ici 2035, un réseau de 15 000 kilomètres, alors qu’actuellement nous disposons d’environ 5 000 kilomètres opérationnels. Plusieurs études sont en cours et les projets avanceront progressivement pour atteindre cet objectif.
Concrètement, quel rôle stratégique jouera ce futur réseau ferroviaire dans le pays ?
Il y a deux dimensions essentielles. La première est nationale : relier toutes les régions, du nord au sud, afin de désenclaver les zones reculées, stimuler l’investissement et faciliter les échanges commerciaux à travers le pays. La seconde est régionale et internationale : connecter nos frontières aux pays voisins — Mali, Niger, Mauritanie, Tunisie, Libye — pour favoriser l’intégration économique et les échanges commerciaux. L’Algérie pourra ainsi pleinement assumer son rôle de porte d’entrée entre l’Europe et l’Afrique.
Vous avez participé à l’IATF. Quelle importance accordez-vous à cette présence pour votre secteur ?
C’est une vitrine stratégique. Nous expliquons à nos partenaires africains le rôle que l’Algérie peut jouer dans la dynamique d’échanges intercontinentaux. Il ne faut pas oublier que notre pays a beaucoup progressé sur le plan industriel. Demain, nous pourrons non seulement couvrir nos propres besoins mais aussi exporter vers les pays africains.
Avez-vous déjà conclu des accords de coopération avec des partenaires africains ?
Oui, nous avons eu l’honneur de signer un protocole d’accord avec la Guinée dans le domaine ferroviaire. C’est un signe fort de confiance et un début prometteur. De plus en plus de pays africains découvrent les compétences de nos entreprises et souhaitent nouer des partenariats. D’autres projets sont en discussion, mais nous préférons ne pas en dévoiler les détails tant que certaines démarches n’ont pas encore été validées au niveau des ministères et des autorités compétentes.
Le mot de la fin…
J’aimerais dire qu’aujourd’hui, les réalisations avancent bien sur le terrain. C’est un chantier de grande envergure qui demandera persévérance et coordination, mais les perspectives sont réelles et porteuses d’avenir.
G. S. E.