
La scène politique française est secouée par une tempête d’une rare intensité. Paris, embourbée dans des décisions improvisées et des choix provocateurs, se retrouve à naviguer à vue, prise dans un tourbillon d’instabilité et de divisions profondes. Entre l’ascension de l’extrême droite et la radicalisation du discours politique, la France semble s’enfoncer dans une crise sans issue claire.
L’une des stratégies adoptées par certains responsables politiques français pour détourner l’attention des véritables crises internes consiste à attiser les tensions avec l’Algérie. Mercredi dernier, un comité interministériel dirigé par François Bayrou avait annoncé des mesures majeures sur l’immigration. Parmi les décisions envisagées figure le gel de la délivrance de visas pour les hauts dirigeants algériens. Cette annonce s’inscrit dans une logique de confrontation qui ne date pas d’hier. Depuis plusieurs mois, une série de polémiques ciblant l’Algérie a été volontairement alimentée, notamment à travers l’affaire des influenceurs algériens et d’autres campagnes de stigmatisation. À cela s’ajoute une posture de certains ministres qui, héritiers d’une vision colonialiste dépassée, continuent de croire que les relations franco-algériennes doivent être dictées par Paris. Ce prisme idéologique, marqué par un paternalisme anachronique, empêche toute approche pragmatique et équilibrée dans la gestion des dossiers bilatéraux.
L’extrême droite à la manœuvre : une dérive inquiétante
L’influence croissante de l’extrême droite dans les rouages de l’État français constitue un facteur aggravant. Jadis en marge, elle s’impose désormais comme un acteur central dans les décisions stratégiques du pays. À travers un discours alarmiste et une rhétorique musclée, elle parvient à imposer ses thèmes de prédilection, notamment sur la question migratoire. Ce glissement idéologique ne se contente pas de fracturer la société française ; il risque également d’altérer durablement les relations avec des partenaires historiques comme l’Algérie.
Contrairement à l’idée selon laquelle cette surenchère pourrait affaiblir le Rassemblement National, certains observateurs estiment au contraire qu’elle contribue à légitimer ses idées. L’acclimatation progressive des thèses de l’extrême droite au sein du débat public menace de redéfinir les contours de la politique française dans un sens toujours plus autoritaire et nationaliste.
Une fuite en avant dangereuse
Face à l’érosion de son influence et aux défis économiques et sociaux croissants, l’État français semble céder à la tentation du repli identitaire et de la diabolisation de l’autre. Plutôt que de s’attaquer aux véritables problèmes structurels, certains responsables préfèrent pointer du doigt les musulmans, les immigrés et, plus largement, l’Algérie. Cette instrumentalisation de la peur et du ressentiment pourrait certes générer des gains électoraux à court terme, mais elle risque de provoquer des fractures profondes et irréversibles au sein de la société.
L’Algérie, de son côté, observe avec lucidité cette dérive. Elle refuse désormais toute relation qui ne soit pas fondée sur le respect mutuel et un partenariat équilibré. Alors que la France semble hésiter sur la direction à prendre, elle ferait bien de méditer sur les leçons de l’Histoire : une politique fondée sur l’exclusion et la confrontation n’a jamais été synonyme de stabilité ni de prospérité.
G. Salah Eddine
L’Obsession Anti-Algérienne, le fer de lance de la politique de Retailleau
La relation entre la France et l’Algérie traverse une nouvelle zone de turbulences, marquée par des déclarations contradictoires et des gestes antagonistes émanant du sommet de l’État français. Tandis que le président Emmanuel Macron semble vouloir renouer avec une dynamique d’apaisement, certains membres de son gouvernement, à commencer par son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, persistent dans une stratégie de confrontation qui compromet tout effort de réconciliation.
Moins de vingt-quatre heures après que son Premier ministre a tenu des propos menaçants à l’égard d’Alger, Emmanuel Macron a tenté une manœuvre de désescalade, cherchant à insuffler un ton plus mesuré dans les relations algéro-françaises. Une initiative aussitôt torpillée par l’intransigeance de certains faucons de son gouvernement, au premier rang desquels figure Gérald Darmanin, dont l’obsession anti-algérienne est devenue une véritable marque de fabrique politique.
Cette contradiction illustre non seulement l’absence de cohésion au sein de l’exécutif français, mais aussi les calculs politiciens de certains responsables qui, loin d’œuvrer pour l’intérêt de la France, préfèrent instrumentaliser la relation franco-algérienne à des fins personnelles.
En première ligne de cette posture belliqueuse se trouve Bruno Retailleau, dont l’acharnement contre l’Algérie semble être devenu l’alpha et l’oméga de son engagement politique. Dépourvu d’un véritable projet de société et incapable de proposer une vision constructive pour la France, le chef de file des Républicains alimente un discours de reniement et de rabaissement, dicté par une lecture opportuniste des sondages d’opinion.
Loin d’un homme d’État mû par une ambition nationale, Retailleau apparaît davantage comme un boutiquier politique, obsédé par des calculs électoralistes et une quête d’influence qui le pousse à toujours franchir un pas supplémentaire dans la provocation et l’escalade verbale.
Un incident diplomatique révélateur
La dernière illustration de cette stratégie d’affrontement s’est produite avec l’empêchement d’entrée sur le territoire français de l’épouse d’un ambassadeur d’Algérie en fonction. Pourtant, cette dernière remplissait toutes les conditions requises, qu’il s’agisse d’assurance, d’hébergement ou de ressources financières. Cet acte, à l’évidence arbitraire, dépasse le simple incident administratif : il relève d’une provocation assumée, visant à exacerber les tensions entre les deux pays.
Si l’Algérie ne manquera sûrement pas de répondre à cette atteinte, cet épisode éclaire surtout sur les limites toujours plus extrêmes que certains responsables français sont prêts à franchir dans leur entreprise de rejet et de stigmatisation.
En misant sur la surenchère et la provocation, Bruno Retailleau pense sans doute se faire carrière. Mais au lieu de bâtir, il détruit. Au lieu d’élever le débat, il l’abaisse. Et ce faisant, il ne compromet pas seulement les relations franco-algériennes, mais participe à un affaiblissement global de l’image de la France sur la scène internationale.
L’Algérie, quant à elle, saura faire face aux tentatives de déstabilisation déguisées en défis. Car ce que Retailleau perçoit comme un bras de fer avec Alger n’est, en réalité, que le symptôme d’une déchéance politique dont la France elle-même est la principale victime.
G. S. E.
La France refoule l’épouse de l’ambassadeur algérien au Mali
La provocation de trop…
L’Agence de presse algérienne (APS) a rapporté, dans un communiqué publié samedi dernier, que le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, a ordonné aux services de la police aux frontières de refouler l’épouse de l’ambassadeur d’Algérie au Mali, en lui interdisant l’accès au territoire français, en invoquant le motif qu’elle ne disposait pas d’une somme d’argent suffisante.
Cette décision a été prise malgré le fait que l’épouse du diplomate se trouvait en situation régulière, ayant fourni un certificat d’hébergement, une attestation d’assurance ainsi que la carte de crédit de son mari. Cette mesure survient après les déclarations conciliantes du président français, Emmanuel Macron, depuis le Portugal, visant à apaiser les tensions dans les relations entre l’Algérie et la France, qui n’avaient jamais connu un tel degré de dégradation. L’APS a réagi fermement aux récentes déclarations du ministre de l’Intérieur français, les qualifiant de «provocation de trop».
Elle a également souligné que l’Algérie, en tant que victime de ce «double discours» émanant des plus hautes autorités françaises, ne peut pas rester passive et prendra toutes les mesures de réponse nécessaires face à cette situation. Alors que les relations entre la France et l’Algérie traversent une période de tensions, le président Emmanuel Macron s’est exprimé depuis le Portugal pour évoquer un sujet délicat : l’accord bilatéral de 1968. Cet accord, qui régit l’immigration algérienne en France, est au centre d’une polémique, la droite et l’extrême droite françaises demandant son abrogation. En réponse à ces demandes, Emmanuel Macron a précisé qu’il n’était pas question de dénoncer unilatéralement cet accord, insistant sur le fait qu’une telle décision n’aurait aucun sens».
Le président français a indiqué avoir abordé cet accord avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, lors de sa visite en Algérie en août 2022. Ils avaient alors envisagé de «rouvrir» l’accord afin de le moderniser, en raison des «nombreuses choses à faire des deux côtés». Le président français a également précisé que les Premiers ministres des deux pays avaient poursuivi ces discussions dans le but d’engager un processus de modernisation de cet accord. Cette prise de position survient alors que le gouvernement français a récemment adressé un ultimatum à l’Algérie, lui accordant un délai de un à six semaines pour réviser l’ensemble des accords sur l’immigration, sous peine de les voir annulés. Cependant, le président Macron a tenu à préciser que l’accord de 1968 n’était pas concerné par cet ultimatum, qui s’applique en réalité à l’accord de 1994. Cette clarification du président Macron concernant l’accord de 1968 survient dans un contexte de tensions continues entre la France et l’Algérie, qui perdurent depuis huit mois.
A. Ryad