
Le verdict est sans appel : aucune des quatre équipes africaines engagées dans la Coupe du monde des clubs 2025 n’a réussi à franchir la phase de groupes. Une élimination collective au premier tour qui dépasse le simple revers sportif pour prendre l’allure d’un revers stratégique pour tout le football africain. Dans une compétition censée incarner l’ouverture mondiale du football de club, cette contre-performance massive porte atteinte à la crédibilité, à la progression et aux ambitions internationales du continent.
Au départ, on pouvait regretter l’absence d’un cinquième club africain dans cette édition, comme le CR Belouizdad, classé 5e dans la hiérarchie de la CAF, à l’image de la Coupe du monde des nations où cinq sélections africaines sont traditionnellement représentées.
Mais au-delà de cette question de quotas, l’Afrique, avec quatre représentants, (Al Ahly, Espérance de Tunis, Mamelodi Sundowns et Wydad Casablanca) disposait d’un contingent suffisant pour espérer mieux. Et contrairement à l’Océanie, également sans représentant en 16es, l’Afrique abrite certains des clubs les plus titrés, les plus structurés et les plus suivis du football en développement. Leur élimination collective, dès la première phase, sonne comme un signal d’alarme.
Et pourtant, les clubs du continent s’étaient préparés avec sérieux et ambition pour cette compétition où beaucoup nourrissaient de grands espoirs. Mais au terme de la phase de groupes, la déception est immense : l’investissement n’a pas été récompensé et les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes.
Al-Ahly : la désillusion du géant
Le club égyptien Al- Ahly, le plus grand club africain, a été le premier à quitter la compétition. Dominants face à l’Inter Miami, les coéquipiers de Mahmoud Trézéguet n’ont pu faire mieux qu’un match nul frustrant, Trézéguet manquant un penalty crucial face aux partenaires de Messi. Battus ensuite par Palmeiras, ils ont pourtant livré une performance spectaculaire contre le FC Porto, où ils ont dominé le match mais ont conclu sur un 4-4 insuffisant. Une sortie prématurée qui interroge, d’autant que le contenu des matchs était globalement positif.
Espérance de Tunis : l’ombre de Belaïli
Versée dans un groupe relevé, l’Espérance a été surclassée d’entrée par Flamengo (0-2). La victoire obtenue contre LAFC (1-0), grâce à un éclair du virtuose Youcef Belaïli, a brièvement ravivé l’espoir. Ce sera le premier et le dernier but des Tunisiens dans cette compétition. La suspension de ce dernier pour la “finale” face à Chelsea a privé les Tunisiens de leur atout majeur. Résultat : une défaite sèche (3-0) et une élimination sans appel, malgré un soutien populaire historique qui a fait le tour des réseaux, notamment visible dans les rues de Times Square à New York devenues jaune et rouge l’espace d’une nuit.
L’autre club maghrébin, le Wydad Casablanca, a connu un parcours sans relief, le pire parmi les africains. Les Marocains ont connu trois matchs, trois défaites, la dernière contre Al-Ain (1-2). L’équipe a semblé en manque d’énergie, d’idées et de leadership, et quitte le tournoi avec le plus mauvais bilan africain.
Mamelodi Sundowns : le seul point positif de l’Afrique ?
Paradoxalement, le parcours le plus abouti est à mettre au crédit des Mamelodi Sundowns. Le club sud-africain a d’abord battu Ulsan Hyundai (1-0), avant de tomber avec les honneurs face à Borussia Dortmund (4-3) dans un match d’une intensité exceptionnelle, où Ramy Bensebaïni a brillé côté allemand. Le nul vierge contre Fluminense, bien que frustrant, a confirmé le niveau de jeu élevé des vice-champions d’Afrique. Mais le manque d’efficacité offensive et une défense parfois fébrile ont empêché la qualification.
Une alerte pour tout un continent
Au-delà des résultats individuels, ce fiasco collectif marque un recul préoccupant pour le football africain sur la scène mondiale. La non-présence en huitièmes de finale des clubs de la CAF renforce l’idée d’un football africain toujours à la traîne lorsqu’il s’agit de rivaliser avec les puissances sud-américaines, européennes ou même certaines équipes asiatiques à l’image des saoudiens d’Al-Hilal.
L’Afrique est absente, invisible au moment où l’élite du football de club se donne rendez-vous. Ce n’est pas seulement une déception, c’est un handicap structurel.
Cela intervient alors même que certaines voix réclamaient une représentation élargie à cinq clubs africains. Une restructuration des clubs, accompagnée d’une éventuelle refonte des formats des compétitions intercontinentales plus lucratives, pourrait s’avérer bénéfique pour le continent.
Quoi qu’il en soit, les clubs engagés dans cette édition ont tous bénéficié d’une rémunération substantielle, ce qui risque d’accentuer le fossé économique avec d’autres clubs africains moins exposés à la scène internationale.
De quoi déjà susciter des interrogations quant aux critères de sélection des futurs participants à la prochaine édition.
La Fifa serait-elle en train de mettre en place une “Superleague” déguisée, sous forme de Coupe du monde des clubs où les mêmes clubs des continents hors-europe participent à chaque fois ? Seules les saisons futures nous le diront.
G. Salah Eddine