
Ce concours, qui a marqué plusieurs générations depuis sa création en 1975, fait son grand retour après sept années d’absence, la dernière édition remontant à 2018. Très attendue par le public, cette saison promet émotions et découvertes, confirmant le rôle de l’émission comme véritable pépinière de talents musicaux en Algérie, fidèle à son slogan «La route vers le succès». Depuis le 6 juillet, l’EPTV diffuse les étapes de présélection, lesquelles ont suscité un vif engouement sur les réseaux sociaux, où les vidéos des candidats circulent abondamment et génèrent de nombreux commentaires. Plus de 2.000 jeunes voix ont tenté leur chance devant un jury composé du compositeur et chef d’orchestre Tarek Kadem, de l’enseignant et chanteur Abdelhamid Belferouni, de l’interprète de musique andalouse Meryem Benallal et du chanteur Abdelaziz Benzina. Ce jury itinérant a sillonné onze wilayas (Alger, Oran, Sidi-Bel-Abbès, Tamanrasset, Ouargla, Béchar, Béjaïa, Tizi-Ouzou, Annaba, Constantine et M’Sila), afin de découvrir des voix prometteuses, reflétant la diversité musicale du pays.
À l’issue de cette première phase, 64 candidats ont été retenus pour les sélections finales organisées à l’Opéra d’Alger Boualem-Bessaïh. Ils ont été évalués par un nouveau jury composé des artistes Lamia Aït Amara, Mohamed Allaoua et cheb Anouar. Trois profils différents mais complémentaires : Lamia, rigoureuse, veille au respect des modes et registres ; Allaoua, attentif, privilégie la justesse vocale, tandis que cheb Anouar, bienveillant, encourage avec émotion et exprime une vision claire de la scène musicale. L’orchestre dirigé par Tarek Kadem a sublimé les prestations, leur conférant une dimension professionnelle.
De ces auditions, 33 candidats ont su se démarquer, mais seuls 20 intégreront l’école «Alhane Wa Chabab», véritable académie où formation, répétitions et performances en direct leur permettront d’explorer leur potentiel. Déjà, certaines voix se distinguent comme de véritables révélations : Azeddine Boucharia (El M’Ghair), dont la voix émouvante captive, ou Ben Tetouche Yacine Badis (Saïda), qui a marqué les esprits avec son interprétation bouleversante de «Khelouni nebki» du défunt Djilali Amarna. Ont également impressionné Lotfi Zaaboubi (Biskra), Arezki Aziz (Tizi-Ouzou), Imed Eddine Gnawa (Ouargla), Yacine Safer (Béchar), Mohamed Akram Arfi (Tipaza) au timbre exceptionnel, ainsi que Zina Larab (Tizi-Ouzou), benjamine de 16 ans déjà remarquable par sa maturité. Ces prestations ont ému jusqu’aux larmes cheb Anouar, signe de la force des jeunes talents.
Au fil des années, «Alhane Wa Chabab» a révélé de nombreux artistes devenus des voix majeures de la scène. Plus récemment, Numidia Lezoul, Nabila Dali, Kenza Morsli, Souhila Benlachhab, Imad Bacha et Arezki Ouali, tandis que les éditions plus anciennes ont mis en lumière cheb Mami, Nardjess, Hassiba Amrouche ou encore Nadia Benyoucef. Cette continuité confère à l’émission une place unique dans le paysage musical national et explique son attachement auprès du public.
La neuvième édition, par la richesse des voix, la modernité des arrangements et la qualité des candidats, s’annonce l’une des plus prometteuses. Elle illustre l’éclectisme et l’ouverture d’esprit de la jeunesse algérienne, capable de revisiter le répertoire classique tout en affirmant des styles actuels. Les vingt heureux élus bénéficieront d’une formation intensive et se confronteront aux exigences de la scène dans un rythme soutenu mais formateur. L’attente autour de la première prime confirme l’enthousiasme retrouvé pour ce concours emblématique. Plus qu’un révélateur de voix, «Alhane Wa Chabab» forme des artistes et demeure un tremplin incontournable pour l’avenir de la chanson algérienne. Reste à savoir qui écrira une nouvelle page de son histoire. Une certitude toutefois : franchir les portes de l’école, c’est déjà accéder à une reconnaissance, un apprentissage solide et une visibilité précieuse.
Cheklat Meriem