
Dans le ciel de Catalogne, les clochers résonnent encore et la mer apporte un souffle d’automne. Ce soir, Barcelone ne dormira pas : les rues autour de Montjuïc se parent de drapeaux blaugrana et d’écharpes parisiennes, les terrasses bruissent d’accents mêlés et l’air sent déjà la poudre d’un grand soir européen. À défaut du Camp Nou en travaux, c’est le stade olympique Luís Companys qui devient temple, théâtre d’un rendez-vous qui dépasse le simple football : la Ligue des champions dans sa plus pure essence.
L’enceinte rénovée surplombe la ville, avec la Méditerranée en toile de fond. C’est encore une grande soirée dans la ville espagnole. Ce que qualifient les observateurs comme “les deux meilleures équipes du monde” s’affrontent dans un choc précoce dès la phase de poules.
La dramaturgie commence avant même le coup d’envoi
C’est avec le costume de champion d’Europe en titre que les Parisiens se présentent à Barcelone. Le club est bien préparé pour ce genre de match, il l’a démontré à maintes reprises l’année dernière.
Cependant, lors de ce match, Luis Enrique doit se passer de son capitaine Marquinhos, pilier défensif blessé à la cuisse, et de l’ailier Ousmane Dembélé, privé de retrouvailles avec son ancien public. L’âme offensive du PSG est également amputée par l’absence de Désiré Doué et de Khvicha Kvaratskhelia. Cela oblige le coach à repenser toute son attaque.
En face, les Culés espèrent bien faire tomber les tenants du titre, tôt cette saison, dans cette compétition. Hansi Flick n’est pas indemne. Barcelone devra composer sans Raphinha, Joan Garcia, Gavi ni Fermín López, et Ter Stegen n’est pas encore apte. Mais le retour annoncé de Lamine Yamal, joyau de 17 ans, rallume l’espoir. Cette jeunesse, cette audace peut redonner du feu aux Blaugrana et faire vibrer un stade tout entier.
Des styles qui se ressemblent mais qui sont opposés
Sur le papier, les deux équipes ont le même style de jeu, enfin, c’est l’impression visuelle. La réalité est autre, c’est deux philosophies qui s’affrontent. Le PSG de Enrique, qui aime étouffer son adversaire par la possession, le pressing haut et les triangles ciselés, veut faire de chaque attaque une sculpture malgré les nombreuses absences. Le Barca de son côté ne veut pas subir le rythme des visiteurs. L’équipe de Flick très directe et tranchante sait bâtir des plans réalistes. C’est un bloc compact, des contre-attaques tranchantes, un jeu direct et une bonne maîtrise du ballon. Avec Pedri en chef d’orchestre et Yamal, s’il démarre, le Barca est déjà un danger pour n’importe qui. Ajoutés à eux Rashford et Lewandowski, le Barca est très bien armé pour faire plier Paris.
Gagner la bataille du milieu
Un autre point intéressant de ce match est le duel au milieu du terrain entre le 3e classé au Ballon d’or, le Parisien Vitinha, et le 11e classé Pedri. Ces deux joueurs sont considérés aujourd’hui comme les deux meilleurs milieux de terrain reculé au monde. Celui qui sera le plus performant ce soir permettra sans doute à son club d’avoir plus de chances de l’emporter.
«Nous affrontons la meilleure équipe de la saison dernière, avec des joueurs fantastiques et un excellent entraîneur. J’adore leur style. C’est un beau défi et nous avons hâte de jouer ce match. Ça ne sert à rien d’essayer de marquer le deuxième but avant le premier. Il faut travailler notre stratégie. On doit jouer comme ça. C’est toujours une question de positionnement, de contrôle du ballon», a déclaré Pedri dans la conférence d’avant-match.
Il a ajouté que gagner la bataille du milieu est crucial pour la victoire. Un constat que ne partage pas son entraîneur, Hansi Flick. Le technicien allemand a assuré qu’une performance collective de tous les joueurs sera nécessaire pour la victoire. D’ailleurs, Enrique pense la même chose.
L’Europe retient son souffle
En tout cas, tout est en place pour une nuit d’émotions. Quand l’arbitre sifflera, le temps se suspendra. Chaque duel sera intéressant et chaque occasion une étincelle. Barcelone, poussée par sa ville, tentera de submerger son adversaire. Paris, même meurtrie, possède la fierté d’un champion qui refuse de céder.
Les pronostics oscillent : beaucoup voient un 2-1 ou 3-2 pour le Barça qui joue à domicile, mais le PSG reste capable du coup parfait. Ces matches-là s’écrivent au fil des minutes et des erreurs. C’est la magie de la Ligue des champions : l’inattendu comme seul script.
«Nous sommes Barcelone et nous aimons être favoris en Ligue des champions, mais nous savons que la route est longue et que nous avons un adversaire spectaculaire devant nous. Je ne pense pas au dernier match contre le PSG, car nous devons nous concentrer sur celui-ci. Le passé est différent du présent. Tout a complètement changé», a assuré Flick.
À la fin, qu’importe le score : la pelouse aura été le témoin d’une bataille tactique et émotionnelle, d’une communion entre public et joueurs. Cette rencontre ajoutera une ligne de plus à la saga Barça–PSG, faite de renversements et de souvenirs impérissables.
Ce match nous donnera d’ailleurs sûrement plus d’indications sur l’état de forme des deux meilleures équipes du monde, la saison dernière. C’est cela que promet cette nuit : du bruit, de la couleur et des réponses. Et, au-delà du vainqueur, la certitude d’avoir assisté à un spectacle qui fait aimer le football.
G. Salah Eddine