Yennayer 2974 : Entre richesse, patrimoine culturel et tradition berbère

Par Fatiha M. et Ammour Ryad

Depuis le 27 décembre 2017, le jour de la fête nationale Yennayer est férié en Algérie. Le Nouvel An berbère, fêté pour la première fois officiellement le 12 janvier 2018, revêt une signification symbolique en tant qu’élément identitaire et historique crucial pour l’ensemble des Berbères d’Afrique du Nord et du Sahel.

Yennayer, terme amazigh désignant le premier mois du calendrier berbère, a des racines remontant à 950 avant J.-C. lorsqu’il est associé à Chachnaq Ier, le premier pharaon berbère et fondateur de la XXIIe dynastie égyptienne qui régna jusqu’en 715 avant J.-C.
Cette date revêt une importance considérable dans l’histoire des Berbères, marquant le commencement du calendrier amazigh.
Selon diverses légendes, la célébration de Yennayer est parfois appelée laâdjouza (vieille femme). Une tradition raconte qu’après que les enfants aient collecté des bonbons dans le quartier, une vieille femme apparaît au milieu de la nuit. En guise de punition, elle enlève les friandises des enfants qui n’ont pas été sages au cours de l’année.
En prévision de cette occasion, les algériens d’ici ainsi que la diaspora à l’étranger, s’apprêtent à commémorer cet événement à travers des expositions mettant en lumière les coutumes ancestrales, des démonstrations d’arts culinaires et de costumes traditionnels, ainsi que diverses manifestations artistiques.
La communauté berbère, présente dans plusieurs pays du Maghreb, célebre avec enthousiasme l’arrivée de l’année 2974 selon le calendrier amazigh. Les festivités débutent au coucher du soleil du 12 janvier, marquant ainsi le passage de l’année 2973 à l’année 2974.
Yennayer est considéré comme une occasion de mettre en avant la richesse de la culture berbère. Des artisans locaux ont présenté leurs œuvres artisanales, des expositions sur l’histoire et les traditions berbères ont été organisées, offrant ainsi aux participants une occasion unique de plonger dans le riche patrimoine culturel.
Des personnalités politiques et culturelles ont exprimé leur soutien à la préservation et à la promotion de la culture berbère. Des discours ont souligné l’importance de la diversité culturelle dans la construction d’une société forte et unie.
Le repas, préparé pour la circonstance, est copieux et différent du quotidien. Pour la préparation de imensi n’Yennayer, les Kabyles utilisent la viande d’une bête sacrifiée (asfel), souvent de la volaille, mélangée parfois à la viande séchée (acedluh) pour agrémenter le couscous, élément fondamental de l’art culinaire berbère. Le plus aisé affiche sa différence en sacrifiant une volaille par membre de la famille. Le premier Yennayer suivant la naissance d’un garçon est d’une grande importance. Le père effectue la première coupe de cheveux au nouveau-né et marque l’événement par l’achat d’une tête de bœuf. Ce rite augure à l’enfant le rôle de futur responsable du village. Il est répété lors de la première sortie du garçon au marché. Il est transposé, dans les mêmes conditions, à la fête musulmane de l’achoura, dans certaines localités berbérophones.
Imensi n’Yennayer se poursuit tard dans la nuit et la satiété est de rigueur. Il est même désobligeant pour la maîtresse de la maison (tamghart n wexxam) de ne pas se rassasier. C’est aussi un repas de communion, qui se prend en famille. On dispose autour du plat commun des cuillères pour signaler leur présence. À travers les génies gardiens, les forces invisibles participent au festin par des petites quantités déposées aux endroits précis, le seuil de la porte, le moulin de pierre aux grains, le pied du tronc du vieil olivier, etc. et la place du métier à tisser qui doit être impérativement enlevé avant l’arrivée de Yennayer, sinon les forces invisibles risqueraient de s’emmêler dans les fils et se fâcheraient. Ce qui est de mauvais présage.
Pour les Kabyles, amenzu n’Yennayer détermine la fin des labours et marque le milieu du cycle humide. Les aliments utilisés durant ce mois sont les mêmes que ceux de la période des labours. La nourriture prise est bouillie, cuite à la vapeur ou levée. Les aliments augmentant de volume à la cuisson sont de bon augure. La récolte présagée sera d’une grande quantité. Les différentes sortes de couscous, de crêpes, de bouillies, etc., et les légumes secs les agrémentant apparaissent. Les desserts servis sont des fruits secs (figues sèches, abricots secs, noix, etc.) de la récolte de l’année précédente, amassés dans de grandes et grosses cruches en terre pourvues d’un nombril servant à retirer le contenu (ikufan).
Imensi n’Yennayer nécessite des préparatifs préalables. Dans les Aurès et en Kabylie, la veille, la maison est méticuleusement nettoyée et embaumée à l’aide de diverses herbes et branches d’arbres (pin, autres).
Chaque année, la célébration de Yennayer met en avant la diversité et la richesse de la culture berbère. Cette fête ancestrale continue de renforcer le tissu social et culturel du Maghreb, tout en contribuant à préserver et promouvoir l’identité berbère au sein de la société moderne.

4e Prix du président de la République de littérature et de langue amazighes
Le Haut Commissariat à l’amazighité (HCA) a tenu la première réunion du comité national chargé de préparer la quatrième édition du Prix du président de la République pour la littérature et la langue amazighes, ainsi que les célébrations du Nouvel An amazigh 2974. L’événement s’est déroulé à l’École supérieure d’hôtellerie et de restauration d’Alger.
Le jury du prix est composé de neuf membres : Youcef Necib, Nouh Abdellah, Nadia Berdous, Abdenasser Kodjiba, Brahim Hamak, Mustapha Tidjat, Leila Benaicha, Samir Saibi et Moussa Abbas, bénéficiera du soutien d’experts universitaires tels que Salah Bayou, Abdellah Sediki et Chahrazad Abbouche. Une nouveauté pour cette édition est l’implication d’un comité intersectoriel d’institutions, selon Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA. Ce comité contribuera à l’organisation et à la planification de l’événement, qui comprend le prix du président de la République ainsi que les festivités de Yennayer à Alger.
Après des étapes à Batna, Tamanrasset et Ghardaïa, la capitale a été choisie pour refléter la dimension nationale de l’événement, avec la participation des 58 wilayas. Le programme comprend divers axes, discutés avec les représentants ministériels, tels qu’un marché de Yennayer mettant en avant la production artisanale, les activités des associations culturelles, des universitaires, le salon du livre et des journées d’études sur des problématiques scientifiques. Alger, avec ses commodités et son infrastructure, est considérée comme un lieu idéal pour accueillir cette célébration de l’amazighité en Algérie.
Plusieurs partenaires, dont les ministères de la Culture et des Arts, des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, de la Jeunesse et des Sports, de l’Éducation nationale, de la Formation et de l’Enseignement professionnels, du Tourisme et de l’Artisanat, ainsi que l’Observatoire national de la société civile, le Haut Conseil de la jeunesse, la wilaya d’Alger, la direction générale de la protection civile, la direction générale des forêts et l’École supérieure d’hôtellerie et de restauration d’Alger, s’engagent aux côtés du HCA.

Si El Hachemi Assad, dans son discours d’ouverture, a souligné l’une des principales missions du Haut Commissariat à l’amazighité, à savoir la promotion sérieuse de la langue amazighe en relation avec l’héritage culturel, linguistique et social unificateur de tous les Algériens. Il a également exposé en détail le programme riche comprenant une campagne nationale de reboisement, un colloque national sur la créativité en langue amazighe, l’inauguration du marché de Yennayer, des concerts, une parade populaire et une journée scientifique. Cette dernière inclut une lecture des dimensions historique et culturelle de l’identité algérienne, ainsi qu’une analyse de la nouvelle version de l’atlas linguistique mondial de l’Unesco. Il a souligné le rôle-clé du HCA en tant que point focal de l’événement, avec le ministère des Affaires étrangères le choisissant à cet effet. Le discours a mis en lumière le travail de terrain réalisé par des universitaires algériens au cours d’une année et demie, sous l’égide du HCA. Ce travail a impliqué une collecte approfondie de données linguistiques sur l’ensemble de l’Algérie, mettant en évidence la diversité de la langue amazighe et son risque de disparition dans certaines régions.
Il est à noter que la candidature pour les quatre catégories du prix du président de la République pour la littérature et la langue amazighes est ouverte sur une plateforme numérique. Ces catégories comprennent la linguistique, les recherches sur le patrimoine immatériel amazigh, les recherches technologiques et numériques, ainsi que la littérature d’expression amazighe et traduite en tamazight.

Fête du pain traditionnel
Ce vendredi, la commune d’Ait Aissa Mimoune ( 10 km au nord de Tizi Ouzou), accueillera la toute première fête du pain traditionnel. L’objectif de cet événement est de promouvoir ce patrimoine culinaire essentiel sur les tables des Algériens.
L’association culturelle Imnar n Tdukli (guides de l’amitié) d’Ait Aissa Mimoune a initié l’idée de consacrer une fête au pain traditionnel afin de mettre en valeur ce produit du terroir, tout en protégeant le savoir-faire de ce patrimoine national, a déclaré vice-présidente de l’association, Dihya Mouhoub. “En 2018, à la création de l’association, nous avons pensé à organiser une fête pour célébrer le pain traditionnel afin de mettre en valeur ce patrimoine, en montrant les différents pains produits dans la région et protéger les recettes transmises de mère en fille à travers les générations”, a-t-elle précisé, ajoutant que “malheureusement, la pandémie de Covid-19 a bousculé les plans”.
Bien que le pain soit une composante commune à toutes les cultures, remontant, selon les historiens, à l’ère préhistorique, il est important de noter que chaque région, chaque pays possède ses propres recettes spécifiques.
Dans la commune d’Ait Aissa Mimoune, axée sur l’agriculture, on continue de confectionner le thamthount, un pain à pâte levée élaboré à partir de semoule de blé dur. De plus, on prépare également aghroume aqouran, une galette croustillante, sans levain, réalisée en mélangeant de la semoule de blé dur, de l’eau, de l’huile d’olive et du sel. Cette galette peut également être préparée avec d’autres semoules telles que l’orge, le gland, le millet… Mme Mouhoub mentionne également la galette aux herbes, les beignets et d’autres spécialités de la région.
Coincidant avec le Nouvel An amazigh, la Fête du pain traditionnel comportera une exposition mettant en avant les savoir-faire traditionnels ainsi que d’autres produits agricoles et d’artisanat.
La fête, organisée en collaboration avec l’APC d’Ait Aissa Mimoune, se déroulera à l’école primaire Hachmi et Fil, à Tahanouts.


ALGER 16 DZ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Next Post

Nouvel an Yennayer avec toute sa symbolique hivernale

sam Jan 13 , 2024
Par Ammour Ryad Depuis quelques jours, les hauteurs de Bouira et les sommets de plusieurs régions du pays sont recouverts de neige, générant un froid glacial et donnant à Yennayer toute sa symbolique. D’importantes chutes de neige ont eu lieu depuis jeudi dernier, principalement sur les sommets du Djurdjura et […]

You May Like

Alger 16

Le quotidien du grand public

Édité par: Sarl bma.com

Adresse: 26 rue Mohamed El Ayachi Belouizdad

Adresse du journal: 5-7 Rue Sacré-coeur Alger Centre

E-mail:alger16bma@gmail.com

Numéro de téléphone: 021 64 69 37