Par Kheireddine B.
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a pris part, vendredi dernier à New York, à une réunion ministérielle de l’Union africaine pour débattre des menaces terroristes accrues auxquelles sont confrontés les pays et les peuples du continent ces derniers temps, et ce, dans le cadre de la préparation d’un sommet africain exceptionnel qui se tiendra autour de cette question, au début de l’année prochaine au Nigeria, selon un communiqué du ministère.

Dans une allocution prononcée à cette occasion, M.Attaf a déclaré que “le terrorisme est devenu la menace numéro un pour la paix et la sécurité en Afrique. Les développements récents ont clairement démontré que, si cette menace a considérablement diminué dans d’autres parties du monde, elle a augmenté de façon exponentielle sur notre continent, en particulier dans la région du Sahel”. Et de souligner : “Tirant les leçons de son expérience amère mais réussie dans la lutte contre ce fléau, l’Algérie est fermement convaincue qu’une approche à deux volets est indispensable pour lutter à la fois contre les manifestations du terrorisme et ses causes profondes dans la région du Sahel et au-delà.”
Ainsi, “face à une menace en constante évolution, nous avons certainement besoin d’une nouvelle approche, d’un nouvel engagement et d’une action audacieuse. Le statu quo n’est plus une option, ni une position confortable”, a-t-il ajouté.
A cet égard, “l’Algérie a appelé à la tenue d’une conférence internationale sur le développement au Sahel ainsi qu’à la création d’un nouveau modèle d’opérations de paix mieux adapté aux contextes de lutte contre le terrorisme”, a rappelé M. Attaf.
Le Sahel, épicentre mondial du fléau du terrorisme
Par ailleurs, M. Attaf a insisté sur le fait que la région du Sahel, confrontée à des défis de développement complexes et étant l’une des régions les plus défavorisées au monde, est devenue récemment une zone marquée par une série de conflits. Elle s’étend de la mer Rouge à l’océan Atlantique et ressemble désormais à un “arc de feu”. Cette région est actuellement le théâtre de la plus grande concentration de conflits armés et de crises qui continuent de causer d’immenses souffrances aux populations civiles. Il a également souligné que le Sahel est devenu l’épicentre mondial du fléau du terrorisme, enregistrant en 2022 seulement plus de 43% des décès dus au terrorisme dans le monde.
M. Attaf a également mis en évidence le fait que les pays et les populations du Sahel font face à des groupes terroristes parmi les plus dynamiques et meurtriers au monde. Ces groupes sont fortement armés et disposent d’armes sophistiquées ; ils ont étendu leur contrôle sur de vastes zones géographiques, agissant comme les autorités locales de facto, déployant des stratégies militaires remarquablement habiles.
“Pour faire court, en Algérie, nous avons cessé d’utiliser l’appellation de ‘groupes terroristes’ pour décrire ce qui pourrait être qualifié avec exactitude et réalisme ‘armées terroristes’”, a-t-il fait savoir.
Face à cette situation alarmante, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a appelé à “accorder la priorité à la lutte contre les facteurs de prolifération qui ont déclenché et nourri l’expansion de cette menace croissante”.
En plus de ces facteurs, a-t-il poursuivi, “la résurgence du phénomène des changements de gouvernement inconstitutionnels a encore compliqué la situation en termes d’affaiblissement des institutions publiques, d’aggravation du paysage sécuritaire déjà précaire et d’ajout de plus en plus de charges et d’obstacles au développement économique déjà fragile”.
Dans ce sillage, le prochain sommet d’Abuja devrait servir à tirer la sonnette d’alarme sur la situation critique créée par l’expansion de la menace terroriste en Afrique. Il devrait viser à relancer l’intérêt mondial et à redonner de l’élan à la lutte internationale contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a encore précisé M. Attaf.
Et de conclure : “Avec la participation de tous les Etats membres de l’Union africaine, nous devons faire entendre clairement notre voix. C à quoi l’Afrique est confrontée n’est pas une menace locale, mais plutôt une menace mondiale, une menace qui ne connaît pas de frontière ni de nationalité, une menace à laquelle personne ne peut être considéré comme immunisé.”
M. Attaf a, en outre, prévenu que “le temps est de la plus haute importance. Si rien n’est fait maintenant, la menace de ce fléau et ses implications se feront sentir bien au-delà de la région et du continent africain”.
Pour rappel, la réunion ministérielle de l’UA sur la menace terroriste en Afrique a été convoquée par la République fédérale du Nigeria et le Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (BNOCT).