
L’écosystème des startups et de l’innovation en Algérie est en pleine expansion, représentant une force motrice essentielle pour l’avenir économique du pays. Grâce à une jeunesse dynamique et à des initiatives gouvernementales favorables, l’Algérie aspire à devenir un hub technologique en Afrique.
Dans ce contexte, Yalidine s’est imposée comme un acteur clé dans le domaine de la logistique et de la livraison en Algérie, jouant un rôle essentiel dans le développement de l’écosystème des startups et des services numériques.
Alger16 a eu l’honneur d’échanger avec une personnalité de premier plan dans la prise de décision au sein de Yaldine. M. Toumiat Djamel Eddine, directeur des relations publiques du groupe Yalidine Al Djazair Service SPA, nous a accordé un entretien exclusif. M. Toumiat nous partagera son point de vue sur l’évolution du secteur de la livraison, les défis auxquels les entreprises font face, ainsi que les perspectives d’avenir pour les startups algériennes.
Entretien réalisé par G. Salah Eddine
Quelles sont les solutions technologiques que Yalidine a mises en place pour optimiser la livraison du dernier kilomètre en Algérie ?
Yalidine, depuis 2017, est pionnière dans le domaine de la logistique du dernier kilomètre en Algérie. À travers, bien sûr, sa plateforme de gestion des colis en Algérie. Donc, cette plateforme est une plateforme unique car elle a été développée par des compétences internes en Algérie.
Donc, à la différence d’autres sociétés qui utilisent des solutions SaaS ou des solutions déjà existantes à l’étranger, notre plateforme présente une sécurité optimale dans le traitement des colis et aussi la confidentialité des données de nos clients.
Justement, dites-nous comment gérez-vous la sécurité des données clients, notamment celles issues des plateformes e-commerce avec lesquelles vous collaborez…
En effet, comme vous le savez, en Algérie on est aujourd’hui beaucoup plus sur des pages Facebook que des plateformes e-commerce. Donc, c’est très simple. On leur donne la possibilité d’avoir un compte sur notre plateforme avec un identifiant unique et un mot de passe. Et nous garantissons une utilisation optimale et sécurisée, car nous avons des OIT.
Ce sont des systèmes qui permettent de fermer le compte une fois qu’il n’est pas utilisé. C’est une double sécurité, c’est-à-dire que si l’utilisateur n’utilise pas son PC ou son téléphone, quelques minutes après, il se fermera et lui redemandera le mot de passe une autre fois. Donc, ça, c’est une sécurité supplémentaire.
Quelle est aujourd’hui votre couverture territoriale en Algérie ? Avez-vous des projets d’expansion vers d’autres régions ou pays africains ?
Aujourd’hui, nous couvrons pratiquement tout le territoire national, exceptées deux wilayas qui sont Engzem et Borj Badi Murtal. Donc, on pourrait parler de 98% de taux de couverture. Sur le plan international, nous sommes, depuis quelques années, en prospection sur le continent africain. Et beaucoup de belles perspectives s’offrent à nous. Nous attendons seulement le feu vert des autorités publiques pour permettre aux sociétés algériennes de s’implémenter d’une manière réglementaire
Par rapport à ce feu vert, comment se passent les choses ?
C’est une bonne question, alors il faut faire la demande au niveau de la banque centrale pour obtenir l’agrément et la possibilité de prendre les devises et de créer une entreprise avec des capitaux algériens. On est actuellement au stade de la demande.
On est positifs sur ce sujet, surtout avec la récente actualité que vous connaissez, l’ouverture des banques en Afrique. Aujourd’hui, des banques sont déjà ouvertes au Sénégal et en Mauritanie, cette initiative du président de la République va vraisemblablement encore se développer en 2025-2026. Et pourquoi ne pas ouvrir nos banques en Côte d’Ivoire, au Cameroun, en Guinée et dans d’autres pays africains. Cela va permettre aux opérateurs économiques algériens de passer par ces banques-là, pour qu’il y ait une meilleure traçabilité des flux financiers. Cela contribuerait grandement à l’économie nationale.
Vous êtes sponsor du Sommet de l’ICT qui se tient actuellement en Algérie, un mot sur cet événement ?
Effectivement, depuis le début, Yalidine est le sponsor officiel de l’African Startup Summit de ICT, qui est devenu aujourd’hui ICT Africa. Nous croyons fermement au modèle prôné par le président de la République de développer l’économie à travers les startups. Aujourd’hui, l’Algérie compte entre 5 000 et 10 000 startups créées depuis le début, et ce chiffre va encore s’accroître au fil des années. Nous, personnellement, en tant que société citoyenne, encourageons vivement les jeunes entrepreneurs et porteurs de projets à investir leur temps et leur énergie pour faciliter le quotidien des Algériens et surtout des entreprises. Ce genre d’événement doit prendre encore plus d’ampleur.
D’ailleurs, Yalidine elle-même investit dans d’autres stratups. Quelle est l’idée derrière cela ?
Oui, aujourd’hui, les sociétés que détient Yalidine dans le domaine de la technologie sont des startups. Nous avons 3 ou 4 startups que nous sommes en train d’incuber depuis 3 ans. Nous sommes très satisfaits de leurs avancées et des produits qu’ils proposent à Yalidine. Aujourd’hui, nous sommes probablement à 90% de créer notre propre mini-ERP grâce à ces petites sociétés, ces petites startups qui nous créent des modules de gestion en interne pour digitaliser tous les processus de Yalidine, que ce soit RH, finance, stock, gestion des livreurs, etc. Cela permet plus d’innovation, et une meilleure gestion budgétaire donc de meilleurs retombés économiques au long terme.
Comment voyez-vous le secteur des startups en Algérie ? J’aimerais également donner une statistique. Apparemment 50% des startups algériennes sont géré par des jeunes qui ont moins de 40 ans… Votre commentaire en tant que haut responsable de l’une des plus grandes startups algériennes ?
C’est excellent. Je n’ai pas cette statistique, mais elle est très révélatrice. Effectivement, on note qu’il y a beaucoup de jeunes qui lancent leurs propres startups. Aujourd’hui, la plupart des startups lancées par nos jeunes font le travail de répertorisation. Donc c’est le truc tendance, on en voit de nouvelles partout ! Que ce soit des plateformes qui facilitent le quotidien des Algériens dans leurs sorties hebdomadaires. Trouver des restaurants, des superette, les bons coins… tout ce que vous pouvez imaginer. Nous sommes dans la répertorisation des lieux de loisirs pour les Algériens, ce qui est une très bonne chose car elle répond certainement à un besoin sociétal mais je pense qu’on peut sortir du B2C et aller au B2B avec des nouvelles idées de startups innovantes. ça sera la seconde étape à prendre.
C’est très intéressant ce que vous dites, pouvez-vous détailler cette seconde étape ?
Bien sûr, le deuxième pas, je dirais, c’est de trouver aussi des solutions innovantes pour les entreprises. Les entreprises aujourd’hui ont toutes des problématiques dans la gestion quotidienne de leur secteur propre. Les startups devraient être un levier pour réduire les coûts des entreprises. Pas toutes les entreprises peuvent avoir un service R&D. Donc, au lieu de créer ce service, pourquoi ne pas l’externaliser à travers des startups ?
Je vais vous donner un autre exemple. Quelques mois auparavant, avec le salon de l’Excel, nous avons découvert des pépites dans le domaine technologique des startups, notamment une dans la livraison à travers des armoires intelligentes, les city lockers. C’est un concept qui existe partout dans le monde et qui n’est pas développé en Algérie parce qu’il nécessite des acteurs communaux, des gens qui vont utiliser ces armoires.
J’encourage énormément les jeunes à trouver des concepts qui vont aider à faciliter le quotidien des entreprises. Parce que nous n’avons pas le choix, nous sommes obligés de collaborer et de coopérer entre nous. Au lieu de ramener des concepts de l’étranger, il serait beaucoup plus intéressant de créer des écosystèmes pour que les entreprises algériennes, des PME, des PMI et les TPE aussi, toutes petites entreprises, puissent travailler ensemble et se développer en même temps.
Le domaine dans lequel vous exercez connaît une forte concurrence, comment Yalidine se positionne par rapport à ce marché ?
En effet, si on compare la période 2019-2020 à aujourd’hui, 2025, il y a une croissance exponentielle du nombre de sociétés qui proposent des services de livraison. Malheureusement, ce marché devient un peu anarchique ces derniers temps, car il faut savoir que pour être une société de livraison, vous devez retirer un cahier des charges. Chose que, aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ne font pas. Elles se contentent de se rendre au CNRC pour retirer leurs registres de commerce avec un code d’activité de livraison de colis. Mais malheureusement, elles ne retirent pas le cahier des charges qui encadre l’activité des entreprises et qui, pour la plupart, est un garde-fou qui évite les dépassements et les dérapages dans notre secteur.
Aujourd’hui, j’entends beaucoup parler de l’Apoce qui fait monter les histoires d’arnaques que subissent les Algériens vis-à-vis des sociétés de livraison et aussi des e-commerçants qui proposent des produits non conformes. C’est très important, c’est un appel aux autorités pour réguler ce marché dans les meilleurs délais, car il en va de la crédibilité des sociétés qui, aujourd’hui, emploient des milliers de personnes, c’est-à-dire des milliers de familles, des bouches à nourrir. Il serait malheureux qu’aujourd’hui, nous ne payions pas les pots cassés de cet amateurisme sur le marché actuel.
Un dernier mot ?
Oui, je vous remercie énormément pour ces questions très pertinentes. J’espère avoir apporté des éclaircissements sur l’écosystème de la livraison et des startups en Algérie. Au plaisir de vous revoir.
G. S. E.