
Dans un communiqué publié dimanche dernier, à l’occasion de la Journée internationale du parlementarisme, célébrée le 30 juin sous le thème “Atteindre l’égalité des genres pas à pas”, le bureau du Conseil de la nation, présidé par M. Azouz Nasri, a réaffirmé avec force la place centrale de la femme dans le projet national. Le Conseil a affirmé que l’autonomisation de la femme en Algérie est un «engagement et un acquis constitutionnels» reflétant l’approche de l’Etat, sous la conduite du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune.
Dans une ère où la quête de justice sociale devient le fer de lance de plusieurs débats sociétaux déclenchant toutes les ardeurs, l’un des sujets phare est l’autonomisation des femmes. Un débat qui, en plus de différencier les gens selon leur genre, traverse l’histoire. Ce n’est plus seulement une revendication sociétale. Aujourd’hui, cela devient une nécessité civilisatrice. C’est l’un des piliers d’un développement durable, équitable et inclusif. En Algérie, ce combat prend racine dans l’histoire même de la nation, portée par une mémoire collective marquée par l’engagement sans faille des femmes durant la guerre de libération. Aujourd’hui, cet héritage se transforme en une politique publique affirmée, nourrie par des fondements juridiques et des dynamiques institutionnelles de plus en plus volontaristes.
Cette affirmation n’est ni rhétorique ni conjoncturelle. Elle s’inscrit dans une trajectoire de développement. Dans le communiqué solennel du Conseil de la nation, l’institution met en lumière une avancée institutionnelle majeure propulsée par ‘les différentes Constitutions et réformes légales”. Pour le Conseil, l’engagement pour les droits de la femme algérienne «n’a cessé de croître depuis l’arrivée du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, qui a affirmé que la parité n’est pas un privilège, mais un droit constitutionnel'”. Ce positionnement marque une rupture assumée avec les conceptions paternalistes du rôle des femmes dans la société et érige la parité en principe structurant de la République. Ainsi, l’Algérie fait un choix juste, celui d’une articulation subtile entre ses valeurs nationales et ses engagements internationaux. “Le principe de parité des genres illustre une vision équilibrée entre identité nationale et engagements internationaux”, précise le communiqué. Un équilibre complexe, mais stratégique, qui permet d’ancrer les réformes dans une légitimité à la fois historique, culturelle et universelle. Les fruits de cette orientation politique commencent déjà à se manifester. “Sous la conduite du président de la République, la participation des femmes dans les sphères politique, économique et sociale s’est accrue, leur permettant d’accéder à des postes décisionnels et elles se distinguent désormais dans tous les domaines”, assure l’institution. Cette démocratisation de l’accès à la décision se lit aussi dans les chiffres et les nominations, où la présence féminine progresse tant dans les institutions que dans l’entrepreneuriat.
Une stratégie multisectorielle d’autonomisation
Au-delà des textes, la concrétisation de cette vision repose sur des politiques publiques intégrées. Le bureau du Conseil note que “la situation et la place de la femme en Algérie ont connu, ces dernières années, une avancée remarquable à plusieurs niveaux, ce qui reflète l’engagement de l’Etat en faveur de la parité, de l’égalité des chances et de l’autonomisation des femmes”. Il est à rappeler que dans notre pays, le principe de parité dans le monde du travail a été consacré par la révision constitutionnelle de 2020.
L’approche est donc structurelle. Cette période a vu l’élargissement des programmes d’autonomisation économique des femmes, qui s’est concrétisé à travers le soutien accordé aux microprojets. Plusieurs autres programmes ont également bénéficié aux femmes algériennes dans ce sens. Parmi eux : la promotion de l’entrepreneuriat féminin ainsi que des dispositifs dédiés aux femmes rurales pour faciliter leur accès au financement via l’Agence nationale de soutien et de développement de l’entrepreneuriat et la Caisse nationale d’assurance chômage. Cette volonté de réduire les écarts entre les femmes urbaines et rurales révèle un effort d’inclusivité territoriale fondamental.
En parallèle, l’État a renforcé les protections sociales et juridiques. Le communiqué rappelle “les avancées significatives et notables réalisées en matière de protection sociale des femmes actives, la criminalisation des violences à leur égard, le renforcement des mécanismes de signalement et l’amélioration du cadre légal de protection”. Ces progrès traduisent un engagement multidimensionnel, où la sécurité, la dignité et l’autonomie économique des femmes sont pensées de manière interdépendante.
Une diplomatie des droits
En outre, l’Algérie s’inscrit de manière active dans les grandes conventions internationales. Elle s’est résolument engagée dans les dynamiques normatives internationales en ratifiant la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et en adhérant à la Déclaration de Beijing de 1995. Elle s’inscrit également dans la vision prospective de l’agenda 2063 de l’Union africaine, qui aspire à bâtir “une Afrique sans discrimination entre femmes et hommes, fondée sur l’égalité réelle, la citoyenneté consciente et responsable”, note le communiqué du Conseil de la nation.
Mais l’engagement algérien ne s’arrête pas aux frontières de l’État-nation. Fidèle à sa tradition de solidarité internationaliste et anticolonialiste, l’Algérie assume un rôle politique et moral dans la défense des femmes victimes d’oppression et de violences dans les territoires occupés ou en conflit. À ce titre, le Conseil a tenu à rappeler “les souffrances de la femme palestinienne résiliente depuis plus de vingt mois face au siège, l’emprisonnement, les meurtres, la déportation, la famine, la destruction des habitations et la violence”.
Le Conseil algérien appelle “les Parlements et les consciences vives à redoubler d’efforts pour la protéger et agir auprès de leurs gouvernements afin de mettre un terme à toute forme d’agression et de privations menées contre elle'”. Cette déclaration revêt une portée particulière à l’heure où la communauté internationale peine à endiguer les violences systématiques infligées aux femmes dans des contextes de guerre et de colonisation. En articulant justice de genre et droit des peuples, l’Algérie esquisse ainsi une diplomatie féministe du Sud global, résolument tournée vers la défense de l’humanité et de la dignité collective.
Sur la même ligne, le bureau du Conseil a regretté “le sort des femmes sahraouies opprimées”, assurant que l’Algérie ”continuera de porter leur voix et celle des femmes palestiniennes”. À travers cette double référence, c’est toute une doctrine diplomatique qui s’affirme : celle d’une Algérie debout, fidèle à ses principes, et qui entend faire du combat pour les droits des femmes un élément non négociable de son identité internationale.
En faisant de l’égalité des genres un enjeu constitutionnel, économique et identitaire, l’Algérie propose une lecture souveraine et pragmatique de la justice sociale. Loin des injonctions normatives ou des modèles importés, la démarche vise à bâtir un modèle d’émancipation enraciné dans l’histoire nationale, orienté vers l’avenir, et aligné avec les aspirations des nouvelles générations.
La célébration du parlementarisme devient ainsi l’occasion de rappeler que l’inclusion des femmes n’est pas un luxe démocratique, mais une condition de la soutenabilité politique, économique et sociale du projet national.
G. Salah Eddine