
Convoqué par le Qatar, le sommet urgent inter-arabe et islamique réuni lundi dernier à Doha a offert au monde l’image d’une unité sans équivoque. À un moment où l’heure n’est plus aux subtilités diplomatiques mais à la fermeté, les dirigeants arabes et musulmans ont condamné l’agression sioniste sur le territoire qatari, ainsi que le génocide mené contre la bande de Ghaza. Tous ont appelé leurs capitales à faire front ensemble, insistant sur la nécessité d’adopter une attitude «ferme et dissuasive» face à une situation d’une gravité exceptionnelle.
Ce sommet inter-arabe et islamique, organisé par la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI), a constitué une démonstration politique de solidarité. Cette réunion de haut niveau a été convoquée dans un contexte marqué par une escalade d’une extrême gravité : la frappe de l’armée d’occupation sioniste contre le territoire qatari, visant en plein cœur la capitale Doha. C’est une atteinte frontale, inconsciente et barbare aux normes essentielles de la coexistence entre nations. Au-delà de l’attaque contre Doha, les dirigeants ont rappelé que cette agression s’inscrivait dans la continuité des frappes meurtrières menées par l’armée sioniste sur la bande de Ghaza, où une population déjà accablée subit un génocide à ciel ouvert. Tous ont convenu que l’objectif commun aujourd’hui pour nos nations arabo-musulmanes est d’accroître la pression politique et diplomatique pour mettre un terme à la guerre et à la tragédie humanitaire en cours à Ghaza.
La voix algérienne et l’appel qatari
Dans son message transmis par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, le président Abdelmadjid Tebboune a pris une position de principe d’une clarté absolue : «Face à cette agression ignoble, l’Algérie se tient, avec sincérité et loyauté, aux côtés du Qatar, dirigeants, gouvernement et peuple.» Il a ajouté que l’Algérie soutenait «toute décision jugée nécessaire pour préserver la souveraineté et l’intégrité du territoire qatari, ainsi que la protection de ses citoyens». Cette déclaration, en parfaite cohérence avec la ligne diplomatique algérienne, s’est inscrite dans le prolongement des dénonciations vigoureuses formulées par l’Émir du Qatar, cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani. Ce dernier a parlé d’une «violation flagrante» de la souveraineté de son pays et du droit international.
Une condamnation unanime
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a appuyé ce front commun en dénonçant la justification sioniste comme une «faillite morale». Pour lui, l’attaque a franchi toutes les limites, rappelant que de tels actes ne pouvaient être tolérés ni par le droit ni par la conscience collective. Le président palestinien Mahmoud Abbas, dans un ton grave, a rappelé l’essentiel : «La clé de la sécurité et de la stabilité dans notre région réside dans l’arrêt de la guerre d’extermination, du déplacement forcé et du vol des terres.» Il a plaidé une nouvelle fois pour la reconnaissance pleine et entière de l’État palestinien sur les frontières de 1967, avec El-Qods-Est comme capitale. Ses mots ont rappelé à tous que la question palestinienne demeure la racine du conflit et que toute paix réelle passe nécessairement par sa résolution.
Vers une réponse collective et coordonnée
Au-delà de la condamnation, certains dirigeants ont proposé des mécanismes concrets. Le Premier ministre irakien Mohamed Chia Al-Soudani a lancé une idée audacieuse : «Nous proposons de considérer toute agression contre un pays arabe ou islamique comme une menace pour tous», plaidant pour la création d’un groupe de contact afin de porter cette revendication dans les instances internationales. Le président libanais Joseph Aoun a renchéri, estimant que «l’agression contre le Qatar vise à liquider l’idée même de la négociation». Autrement dit, l’attaque s’inscrit dans une stratégie plus large, celle de réduire à néant toute perspective de paix et de dialogue.
Dans la même veine, le président turc Recep Tayyip Erdogan a insisté sur la dimension judiciaire du combat : «Il est impératif de faire respecter la justice internationale pour mettre fin à ces violations.» Pour lui, les responsables sionistes doivent être traduits devant les juridictions compétentes. Quant au président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi, il a martelé que «les pays arabes et islamiques n’accepteront pas les agressions contre leurs souverainetés», rappelant la ligne rouge de tout État : la défense de son intégrité territoriale.
Enfin, le roi Abdallah II de Jordanie a appelé à une refonte des mécanismes d’action commune arabe et islamique, estimant qu’ils devaient être renforcés et adaptés pour mieux affronter la menace sioniste, devenue une constante régionale.
Une étape historique vers l’unité
Au terme des échanges, une unanimité s’est dégagée dans ces quelques mots : Il faut stopper la folie des dirigeants sionistes. Le sommet de Doha marque une avancée décisive dans la construction d’une riposte coordonnée et structurée. Les dirigeants ont souligné le besoin de mettre en place des mesures dissuasives pour empêcher la répétition de telles agressions qui ne visent pas seulement le Qatar, mais le monde arabe et islamique dans sa globalité. Les voix arabes et islamiques, divisées jusque-là sur la question, s’élèvent désormais à l’unisson pour dire non à l’agression, non à la violation des souverainetés, oui à la solidarité active. Pour la première fois depuis longtemps, cette unité pourrait redonner des contours à l’équilibre régional et renforcer la position d’un monde arabe et musulman plus conscient de sa force et plus déterminé à la défendre.
G. Salah Eddine