
Dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources hydriques et l’urgence climatique, l’Algérie consolide sa stratégie de sécurisation durable de l’eau.
Le ministre de l’Hydraulique, Taha Derbal, a annoncé, jeudi dernier à Alger, que ses services préparent “l’inscription d’un projet de réalisation d’un barrage destiné à l’irrigation et à la protection contre les inondations à Oued Labiod dans la wilaya de Béchar”.
Il a affirmé que “l’alimentation de cette ville en eau potable avait connu une nette amélioration”, une expérience qui, selon lui, sera généralisée à d’autres wilayas du pays.
Cette déclaration a été faite lors d’une plénière à l’Assemblée populaire nationale (APN), consacrée aux questions orales adressées à plusieurs membres du gouvernement.
Présidée par M. Mohamed Anouar Bouchouit, vice-président de l’APN, et en présence de la ministre des Relations avec le Parlement, Mme Nadjiba Djilali, la séance a permis de détailler la feuille de route hydrique du pays.
Le projet de barrage, d’une capacité estimée à 28 millions de mètres cubes, “a fait l’objet d’une étude de faisabilité présentée au Conseil exécutif de la wilaya”, a précisé M. Derbal.
Dès “l’achèvement des études techniques nécessaires, un dossier complet sera préparé en vue de proposer son inscription dans les prochaines lois de finances”, a-t-il ajouté, soulignant la portée stratégique de ce projet à la fois agricole et environnementale pour toute la région du Sud-Ouest.
S’exprimant sur la situation hydrique à Béchar, le ministre a affiché sa satisfaction quant à la nette amélioration de l’alimentation en eau potable, saluant les “investissements majeurs engagés par l’État, ayant permis de couvrir les besoins des populations et d’assurer une distribution régulière et stable”.
Cette réussite, qui s’appuie sur une réhabilitation en profondeur des réseaux et une meilleure gestion des ressources locales, sera étendue à l’ensemble des wilayas du pays, “en application des directives du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune”, a-t-il indiqué.
Le chef de l’État, rappelle-t-il, a donné son feu vert pour l’accélération de tous les projets visant à éliminer les perturbations dans la distribution de l’eau, un enjeu devenu prioritaire à la lumière des épisodes de stress hydrique enregistrés ces dernières années.
Le ministre a insisté sur l’importance de la mobilisation financière de l’État pour soutenir cette transition, soulignant que le secteur nécessite encore de nouveaux investissements, notamment dans les zones exposées à des conditions climatiques difficiles.
“Le ministère est pleinement disposé à intensifier les efforts afin de garantir la stabilité de l’approvisionnement et d’améliorer les conditions de vie des citoyens”, a-t-il déclaré, insistant sur le caractère structurant de ces projets pour la souveraineté hydrique nationale.
Dessalement, transferts et assainissement
Concernant la diversification des ressources hydriques, sujet crucial et phare, M. Derbal a indiqué que “le secteur est passé de la phase de réflexion à celle des études de terrain”, conformément aux orientations du Président Tebboune, pour explorer de nouvelles pistes de captage, de réutilisation et de traitement des eaux.
Il a cité à ce titre le projet de transfert des eaux dessalées depuis l’usine de Koudiet Eddraouche (wilaya d’El Tarf), déjà lancé, qui “concernera partiellement la wilaya de Guelma”.
Son entrée en service permettra “d’améliorer le service public de l’eau potable”, un objectif clé dans les régions à forte demande domestique et industrielle.
Sur le volet de l’assainissement, les résultats sont encourageants.
Le ministre a rappelé que les investissements récents ont permis d’atteindre un taux de raccordement national de 93%, un record historique, grâce à la mise en service de plus de 230 stations d’épuration des eaux usées (STEP).
Ce progrès se traduit concrètement dans plusieurs wilayas, notamment à M’Sila, qui bénéficie de huit stations d’épuration, dont six sont déjà opérationnelles.
Les travaux sur les deux restantes avancent rapidement.
Ces infrastructures, a souligné M. Derbal, sont essentielles pour la protection des nappes phréatiques, la santé publique et la réutilisation agricole des eaux traitées.
Des efforts sociaux et structurels soutenus
Au-delà des infrastructures, le ministre a tenu à rappeler que ses services accordent une attention particulière à la situation des travailleurs du secteur, à travers “des solutions pratiques” visant à renforcer leur pouvoir d’achat et à assurer une meilleure prise en charge.
Il a insisté sur le rôle déterminant des agents techniques, ingénieurs et opérateurs, véritables garants du bon fonctionnement du réseau national.
Par ailleurs, M. Derbal a annoncé que des démarches sont en cours pour rattacher toutes les communes à forte densité démographique au système de gestion de l’Algérienne des eaux (ADE).
Il a précisé que 300 communes demeurent encore en dehors de ce dispositif, principalement pour des raisons financières liées aux charges supportées par l’ADE, mais que “l’État continue de soutenir l’entreprise en lui fournissant les équipements indispensables pour renforcer son efficacité sur le terrain”.
Cette politique globale, fondée sur la modernisation, la bonne gouvernance et la durabilité, vise à garantir à chaque citoyen algérien un accès équitable à l’eau, ressource vitale et pilier du développement national.
En multipliant les projets structurants, de Béchar à El Tarf, de M’Sila à Touggourt, le ministère de l’Hydraulique trace ainsi les contours d’une Algérie plus résiliente face aux défis climatiques et démographiques, où chaque goutte d’eau devient une promesse d’avenir.
G. Salah Eddine