Benjamin Ladraa. activiste suédois pour la RASD à ALger16«Le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie est remarquable»

Benjamin Ladraa est un activiste suédois reconnu pour son engagement en faveur de la cause sahraouie. Ayant déjà attiré l’attention internationale pour sa marche de 4 800 km en 2017-2018 de la Suède jusqu’à la Palestine, il s’implique activement dans la défense des droits des Sahraouis, dénonçant l’occupation marocaine du Sahara Occidental. Son militantisme se distingue par des campagnes de sensibilisation, des conférences, et des actions de solidarité avec les réfugiés sahraouis, attirant ainsi une large audience internationale vers cette cause méconnue. Cet intellectuel et militant est désormais en Algérie ou il entame un parcours de titan à vélo qui le mènera sur 2 000 km d’Alger jusqu’aux camps de réfugiés sahraouis à Tindouf.
Alger16 a eu l’opportunité d’échanger avec Benjamin Ladraa, qui nous a offert une interview exclusive où il a évoqué la nécessité de renforcer les alliances entre les mouvements de solidarité, notamment avec les causes palestinienne et climatique, afin de créer une pression mondiale sur les gouvernements et soutenir la lutte pour l’autodétermination du peuple sahraoui.

Entretien réalisé par G. Salah Eddine

La récente décision de la CJUE revêt une grande importance. Quelles actions immédiates les dirigeants sahraouis et les militants devraient-ils entreprendre pour tirer parti de cette victoire juridique dans le cadre de leur campagne plus large pour la souveraineté ?
Je pense que maintenant, quelques jours après la décision, il est impératif d’examiner le contexte de chaque pays de l’UE et d’identifier les accords commerciaux qui incluent des ressources volées du Sahara occidental, puis de faire pression sur ces pays pour qu’ils mettent fin à ces accords.
De plus, il serait judicieux de connecter le mouvement BDS sahraoui (Boycott, désinvestissement et sanctions) avec le mouvement BDS palestinien afin de faire progresser les deux causes et de renforcer leur légitimité mutuelle.
Le mouvement palestinien en bénéficierait, car inclure le Sahara Occidental dans l’appel au BDS affaiblit les allégations d’antisémitisme des sionistes. Le Sahara Occidental en bénéficierait également, car ce mouvement est encore de petite envergure et en s’associant au mouvement palestinien, il gagnerait de nouveaux alliés et renforcerait ses relations.

En tant que militant défendant la cause sahraouie, quelles expériences personnelles ont façonné votre engagement dans cette lutte ? Quels défis rencontrez-vous dans votre activisme, en particulier compte tenu du climat politique entourant le Sahara Occidental ?
Être un activiste et un militant solidaire dans ce type de parcours présente de nombreux défis. Par exemple, nous avons dû traverser des montagnes escarpées à vélo sous la pluie et la tempête, dormir dans des tentes entourées d’animaux sauvages, et faire face à des insultes de la part de Marocains en colère, que ce soit dans les rues en France ou en ligne. Nous avons également rencontré des personnes, y compris des politiciens de haut niveau, qui ne connaissent rien du Sahara occidental. Mais il y a eu aussi de nombreux moments inspirants, comme la rencontre avec des activistes remarquables tels qu’Akihisa Matsuno, un militant japonais qui a lutté pendant 30 ans pour l’indépendance du Timor oriental et qui se bat maintenant pour le Sahara Occidental, ou encore Sultana Khaya, une activiste sahraouie qui a fait face à la terreur des autorités marocaines dans les territoires occupés, mais qui a persisté et a toujours brandi haut la tête et le drapeau sahraoui. Ces personnes nous inspirent à continuer chaque jour.

Comment l’activisme international a-t-il évolué concernant la cause sahraouie ? Y a-t-il des mouvements ou coalitions spécifiques qui ont renforcé la sensibilisation ou le soutien au droit à l’autodétermination du Sahara Occidental ?
De nombreux groupes de solidarité dans le monde soutiennent activement le Sahara Occidental. Par exemple, le mouvement italien a particulièrement impressionné, accueillant des enfants sahraouis pendant les étés et organisant des missions médicales et politiques dans les camps de réfugiés sahraouis depuis des décennies. En Norvège, un groupe très engagé donne des centaines de conférences chaque année sur la question sahraouie. À Genève, des militants sahraouis et internationaux organisent des événements parallèles sur le Sahara Occidental lors de chaque session du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies. Au Japon, un groupe expérimenté d’activistes a également joué un rôle majeur dans la coordination d’efforts pour la liberté du Timor oriental, et ils mettent désormais leurs compétences au service de la cause sahraouie.

Quel rôle voyez-vous pour les réseaux sociaux dans l’amplification des voix des militants sahraouis ?
Les réseaux sociaux et l’activisme numérique jouent un rôle crucial dans l’avancement de la cause du Sahara occidental. Le Maroc en est également conscient, comme en témoigne un récent article dans le Morocco World News annonçant que l’État emploiera 5 000 personnes pour diffuser la narrative marocaine en masse en ligne. Cela montre à quel point il est essentiel pour les partisans du Sahara Occidental de redoubler d’efforts pour amplifier les voix sahraouies sur les plateformes numériques et sensibiliser davantage à l’occupation.

Comment évaluez-vous l’environnement géopolitique actuel en Afrique du Nord concernant la question du Sahara Occidental ?
Le Maroc a renforcé ses liens avec les sionistes ces dernières années, tout en s’alignant davantage sur les puissances occidentales, notamment les États-Unis. Cette prise de position affaiblit son front interne et engendre la colère d’une grande partie de sa population. Le pays est de plus en plus isolé sur le plan régional alors que des alliances dans ces alentours continuent de se renfoncer.

Qu’en est-il du contexte international ? Percevez-vous un changement dans les positions internationales sur la cause sahraouie, en particulier de la part des grandes puissances mondiales ?
Dans un contexte mondial de plus en plus multipolaire, nous espérons que des puissances émergentes comme l’Inde, la Russie et la Chine puissent devenir des alliées potentielles de la cause sahraouie. Cette évolution pourrait apporter un soutien précieux au peuple sahraoui dans sa quête d’autodétermination.

Des rapports sur des violations des droits de l’Jomme dans les territoires occupés du Sahara Occidental continuent d’émerger. Quels sont les problèmes les plus urgents auxquels fait face le peuple sahraoui ? Que peut-on faire pour attirer l’attention internationale sur ces abus ?
Les abus subis par le peuple sahraoui sont variés et incluent des emprisonnements politiques, la torture, ainsi que le refus d’accès à l’emploi et aux déplacements. Les Sahraouis sont privés de leur liberté d’expression et ne peuvent ni manifester ni créer des associations. Il est crucial de mettre en avant les voix sahraouies dans les médias, lors de conférences et d’événements dédiés aux droits de l’homme. En outre, il est essentiel de tenter d’envoyer des délégations dans les territoires occupés afin de rendre compte de la situation sur le terrain, ou de documenter les refus d’entrée qui empêchent la visibilité de ces réalités.

Comment évaluez-vous le soutien de l’Algérie à la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ? Quelles sont les implications plus larges de la position de l’Algérie pour la stabilité et l’avenir de la région ?
Le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie est remarquable et s’appuie sur une position de principe contre toute forme d’occupation, fondée sur sa propre histoire marquée par une colonisation brutale et une lutte acharné. Malheureusement, plusieurs pays africains collaborent de près avec le Maroc, tirant des avantages économiques en échange de leur silence sur la question sahraouie, en particulier depuis le départ de la France de plusieurs de ses anciennes colonies, créant un vide économique que le Maroc a tenté de combler. Il est crucial que l’Algérie, ainsi que des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria et la Namibie, continuent de plaider pour la liberté du Sahara occidental et incitent d’autres nations africaines à se souvenir de leur propre lutte contre la colonisation.
La persistance de l’occupation au Sahara Occidental continuera à déstabiliser la région, d’autant plus que la guerre a repris en 2020 et que le Maroc coopère étroitement avec des pays impérialistes volatils tels que l’entité sioniste et les États-Unis.

À votre avis, quelles sont les voies les plus prometteuses pour que le peuple sahraoui continue de faire avancer sa cause sur la scène internationale ? Quel rôle envisagez-vous pour les mouvements de base et la société civile dans le maintien de cet élan ?
Il existe de nombreuses opportunités pour que le peuple sahraoui continue de promouvoir sa cause à l’échelle internationale, en particulier en renforçant les alliances avec des pays d’Asie et d’Afrique qui pourraient être plus sensibles à cette cause. Pour ce faire, les mouvements de base doivent tirer parti des plateformes numériques afin de sensibiliser le public à travers le monde et de bâtir un mouvement de solidarité internationale capable de faire pression sur les gouvernements.
L’un des moyens les plus prometteurs est de s’allier à d’autres mouvements de justice sociale, tels que le mouvement climatique ou le mouvement pour la Palestine. En collaborant avec ces mouvements, le peuple sahraoui peut élargir son réseau de soutien et mutualiser ses forces pour accroître la visibilité de sa lutte. En outre, il est crucial d’inviter des Sahraouis à participer à des forums internationaux afin qu’ils puissent témoigner directement de leur situation et construire des relations avec des acteurs clés. Un autre aspect essentiel consiste à élargir le cercle d’alliés. Pour ce faire, il convient de contacter de nouveaux publics et de nouvelles organisations, en particulier dans les pays où la cause sahraouie est encore peu connue. L’unité et la coordination avec d’autres causes similaires peuvent également aider à renforcer le mouvement, à accroître la légitimité de la lutte sahraouie et à maintenir un élan constant en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui.

ALGER 16 DZ

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Next Post

pouvoir d'achat, amélioration des conditions de vie… les nouvelles mesures du PLF 2025

dim Oct 20 , 2024
Par Mokdad Khadidja Le projet de loi de finances (PLF) pour l’année 2025, présenté mercredi dernier par le ministre des Finances, Laaziz Faid, devant la commission des finances et du budget de l’Assemblée populaire nationale (APN), inclut plusieurs mesures destinées à soutenir le pouvoir d’achat et à améliorer les conditions […]

You May Like

Alger 16

Le quotidien du grand public

Édité par: Sarl bma.com

Adresse: 26 rue Mohamed El Ayachi Belouizdad

Adresse du journal: 5-7 Rue Sacré-coeur Alger Centre

E-mail:alger16bma@gmail.com

Numéro de téléphone: 021 64 69 37