
Lors de l’émission «Hadith Al Djazair», diffusé jeudi dernier sur la Chaîne de télévision Al24 News, des experts sont revenus en sur les points forts de la participation algérienne à la première réunion ministérielle du G20.
Depuis plusieurs années, l’Algérie affirme son rôle de pivot dans la politique africaine et internationale, en s’engageant dans une stratégie de consolidation de l’union continentale et d’ouverture aux instances mondiales de gouvernance. La participation du ministre algérien des Affaires étrangères, M. Ahmed Attaf à la réunion ministérielle du G20 à Johannesburg, traduit cette ambition et confirme la place centrale qu’Alger entend occuper au sein des équilibres stratégiques du XXIe siècle.
Lors de son intervention, le professeur en sciences politiques et relations internationales, Dr. Anis Boukeïder, contextualise cette dynamique en la reliant à l’Agenda 2063 de l’Union africaine : «Nous nous inscrivons dans une stratégie globale alignée sur la Vision 2063 de l’Union africaine, qui constitue une feuille de route de développement intégral pour l’Afrique. Il est indéniable que le continent s’appuie sur ses États les plus dynamiques, dotés d’une diplomatie proactive au sein de l’Union africaine.» Cette volonté répond à un double objectif : renforcer la présence de l’Afrique dans les décisions stratégiques mondiales et accroître l’influence des grandes nations du continent sur la scène internationale.
Une avancée historique
L’intégration de l’Union africaine en tant que membre permanent du G20 est un tournant majeur dans la gouvernance économique mondiale. Cette inclusion, fruit d’un long plaidoyer diplomatique, répond à une exigence de représentativité et d’équité. L’Algérie, qui s’est imposée comme un acteur de premier plan dans cette bataille, voit ainsi son rôle stratégique renforcé.
Le journaliste expert de la question internationale, M.Fahem Bouabdallah, a noté : «L’adhésion de l’Union africaine au G20 constitue un aboutissement de cette vision et représente une avancée majeure dans l’intégration du continent au sein des grandes instances économiques.» Il s’agit d’une reconnaissance du poids économique et démographique de l’Afrique, mais aussi d’un signal fort à destination des grandes puissances, appelées à repenser leur rapport avec le continent. La participation algérienne à cette dynamique témoigne de son influence croissante dans les arènes internationales. En défendant les intérêts du continent, Alger s’impose comme une voix incontournable dans les négociations globales. «Le véritable enjeu réside dans l’activation des leviers de puissance africains, en particulier sur le plan économique. Il est crucial de rappeler que le G20 représente 80 % du PIB mondial et
90 % des échanges commerciaux internationaux», a rappelé Dr. Anis Boukeïder.
Une diplomatie algérienne proactive et influente
L’Algérie ne se limite pas à une approche passive de la diplomatie. Son engagement au sein des institutions internationales repose sur une vision claire de la coopération et de la consolidation des liens stratégiques entre l’Afrique et le reste du monde. Cette dynamique a déjà été observée lors du sommet du G7 en Italie, où la participation algérienne a marqué une nouvelle étape dans la reconnaissance de son rôle.
«L’Union africaine interagira avec le G20 à travers sa Commission exécutive, dont l’Algérie occupe aujourd’hui le poste de vice-président. Ce positionnement renforce son influence et confirme le bien-fondé de sa diplomatie proactive», a expliqué Dr. Boukeïder. La diplomatie algérienne ne se contente pas de participer aux débats : elle structure et impulse des initiatives visant à remodeler les rapports de force internationaux. L’un des objectifs stratégiques poursuivis par Alger est la réforme du Conseil de sécurité de l’ONU, où l’Afrique réclame depuis des décennies un siège permanent. «Le combat mené par Alger ne se limite pas à une simple intégration dans les instances mondiales. Son principal objectif est de corriger les injustices historiques subies par l’Afrique, notamment en matière de représentation au sein des organisations internationale », a précisé M. Bouabdallah.
Un rôle central dans les enjeux de paix et de sécurité
Au-delà des questions économiques, l’Algérie s’impose également comme un acteur de premier plan en matière de paix et de sécurité en Afrique. Son mandat au Conseil de sécurité de l’ONU lui permet d’assumer un leadership régional dans la prévention et la résolution des conflits. En témoigne son action dans le cadre de la médiation au Sahel ou encore ses efforts en faveur de la stabilisation de la Libye. L’Algérie, par sa position géopolitique et son engagement diplomatique, constitue un pivot essentiel dans la gestion des crises africaines et internationales. Sa stratégie repose sur une vision à long terme, articulée autour de la préservation de la souveraineté des États africains et la promotion d’un multilatéralisme plus équitable.
L’engagement algérien au sein du G20 et des grandes organisations internationales est bien plus qu’une simple participation diplomatique : il s’agit d’une démarche stratégique visant à redéfinir le rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale.
Alors que les équilibres internationaux sont en pleine mutation, l’Algérie entend jouer un rôle moteur dans la construction d’un nouvel ordre international plus inclusif et plus juste. Sa présence active dans les discussions majeures de la scène internationale confirme qu’elle est aujourd’hui l’une des voix les plus écoutées du continent africain.
G. Salah Eddine