L’ONU a déclaré officiellement la famine : Ghaza, là où on meurt de faim

L’ONU a officiellement déclaré, vendredi dernier, la famine à Ghaza, marquant un point de non-retour historique : la première famine reconnue au Moyen-Orient par les instances internationales. Dans son avertissement glaçant, l’organisation précise que plus de 500 000 personnes sont plongées dans un état qualifié de catastrophique, où survie et agonie se confondent.

Par G. Salah Eddine

Ce basculement dramatique n’est pas seulement une crise humanitaire : il constitue un événement inédit dans l’histoire moderne de la région. La famine, spectre que l’on croyait relégué aux époques lointaines ou à des zones isolées du monde, s’abat désormais sur Ghaza, fruit direct d’un enchaînement de violences méthodiques, de blocus impitoyables et de privations systématiques imposées à une population déjà broyée par les bombardements et les déplacements forcés.
Le réseau de Classification intégrée de la sécurité alimentaire (IPC), soutenu par l’ONU, a dressé un constat d’une sévérité glaçante, mettant en garde contre “le pire scénario possible”, où la malnutrition et la mortalité infantile atteignent des sommets jamais observés dans cette partie du monde.
“Selon ses données, la consommation alimentaire dans la majeure partie du territoire a atteint le seuil de la famine, tandis que la malnutrition aiguë dans la ville de Ghaza a atteint son maximum”, souligne le communiqué relayé par l’agence de presse Wafa.
Le rapport poursuit en révélant des chiffres qui résonnent comme une condamnation : “Plus de 20 000 enfants hospitalisés pour malnutrition aiguë entre avril et la mi-juillet, dont plus de 3 000 dans un état sévère. Depuis le 17 juillet, au moins 16 enfants de moins de cinq ans sont morts de faim, selon les hôpitaux de Ghaza”.
Ces données, insoutenables, matérialisent l’horreur quotidienne : des enfants arrachés à la vie non par des armes, mais par le vide dans leur assiette.
Face à ce drame, l’organisation rappelle que “le conflit, les déplacements massifs et l’effondrement de l’accès à la nourriture et aux services essentiels ont atteint des niveaux sans précédent”. Elle lance un cri d’alarme en exigeant “un cessez-le-feu et un accès humanitaire sans entraves”, seule issue pour arracher des vies à la mort annoncée.
L’IPC rappelle qu’une famine est officiellement déclarée lorsque trois critères implacables se rencontrent : au moins 20% des foyers plongés dans la privation extrême, au moins 30% des enfants de moins de cinq ans frappés par la malnutrition aiguë et deux décès quotidiens pour 10 000 habitants dus à la faim. Ces seuils, désormais franchis à Ghaza, scellent le caractère irréversible de la tragédie.
La situation, fruit de l’escalade des agressions sionistes contre les Ghazaouis ces derniers mois, s’est aggravée par les déplacements massifs de population et les restrictions impitoyables aux approvisionnements alimentaires imposées par l’entité sioniste. Ghaza n’est plus seulement le théâtre d’un conflit : elle est devenue l’épicentre d’une famine orchestrée, une blessure ouverte dans la conscience du monde.

Une catastrophe d’origine humaine
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a tenu des propos d’une gravité inédite. Selon lui, la situation est “une catastrophe d’origine humaine”.
Il a dénoncé avec force les conséquences du siège total imposé depuis plusieurs mois et des agressions incessantes subies par la population depuis octobre 2023. Sur les réseaux sociaux, il a parlé d’un “véritable enfer” et d’un “réquisitoire moral et d’échec de l’humanité”.
Le rapport de l’IPC démontre que la famine sévit déjà dans l’ensemble de la bande de Ghaza depuis le 15 août. Guterres a rappelé que le droit international impose l’accès à l’aide alimentaire et médicale. “Nous ne pouvons pas permettre que cette situation continue en toute impunité”, a-t-il affirmé.
Pour Tom Fletcher, responsable de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, la famine de Ghaza “aurait pu être évitée” sans “l’obstruction systématique” de l’occupation sioniste.
“Cette famine va et doit nous hanter tous”, a-t-il insisté. Les chiffres confirment l’ampleur du drame : plus d’un demi-million de personnes sont déjà en situation “catastrophique”, et ce chiffre devrait grimper à 641 000 d’ici fin septembre.

Les enfants en première ligne
Par ailleurs, Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a lancé un cri d’alarme glaçant : “Les enfants les plus affamés de la bande de Ghaza étaient condamnés à mourir si l’aide ne leur parvenait pas de toute urgence.”
Il rappelle que les niveaux de famine sont les plus graves dans le nord de Ghaza, où survivent encore près d’un million de personnes. L’UNRWA a constaté une multiplication par six des cas de malnutrition aiguë chez les enfants depuis mars.
Il a annoncé qu’une évaluation sur l’ampleur de la faim dans l’enclave assiégée serait bientôt publiée assurant que si “des mesures urgentes ne sont pas prises, les enfants sont condamnés à mourir”, insiste-t-il.
Lazzarini a ajouté que “les Palestiniens de Ghaza meurent déjà de faim, et il y en aura sans aucun doute davantage”.
Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a également confirmé l’aggravation de la famine, de la malnutrition et de la crise du logement dans l’enclave assiégée.

Des maladies bénignes devenues mortelles
La famine à Ghaza ne se traduit pas uniquement par la faim et l’épuisement extrême : elle ouvre aussi la voie à une vague de maladies qui, en temps normal, auraient été bénignes, mais qui deviennent aujourd’hui de véritables menaces mortelles. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme sur ce phénomène dévastateur qui illustre l’effondrement total des conditions sanitaires dans l’enclave.
L’organisme onusien explique que la malnutrition affaiblit tellement les défenses immunitaires du corps que celui-ci n’a plus la force de lutter contre les infections les plus courantes. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a ainsi averti que “même des maladies courantes, normalement bénignes comme la diarrhée, deviennent mortelles, en particulier pour les enfants”. Ces propos résonnent comme un constat accablant sur l’ampleur de la tragédie.
Il a en outre lancé un appel pressant, exigeant la levée “d’urgence” du blocus afin de permettre l’acheminement immédiat de nourriture, de médicaments et de secours humanitaires. Selon lui, chaque jour de retard coûte la vie à des enfants, des femmes et des vieillards qui succombent à des pathologies pourtant facilement évitables dans d’autres contextes.
Les données disponibles confirment la gravité de la crise. En 25 jours, seulement 2 000 camions d’aide humanitaire ont pu entrer, soit moins de 15% des volumes nécessaires. Ces chiffres effroyables révèlent une pénurie organisée, où la population entière se retrouve piégée dans un cycle mortel de privations. Derrière chaque statistique se cache une réalité insoutenable : celle de familles entières qui voient leurs enfants mourir non pas d’armes ou de bombes, mais de iarrhées, de fièvres et de déshydratation, conséquences directes d’un affaiblissement dû à la faim.

Agir vite
La famine à Ghaza ne peut être traitée comme une simple tragédie humanitaire : elle est le résultat direct d’une stratégie de destruction délibérée, mise en œuvre par l’entité sioniste au mépris du droit international et des valeurs humaines les plus fondamentales. Le blocus, les bombardements, la privation systématique de nourriture et de soins constituent autant d’armes de guerre utilisées contre une population civile sans défense.
Face à une telle barbarie, la neutralité est une complicité. L’humanité ne peut se contenter de rapports, de statistiques ou de déclarations diplomatiques creuses. Elle doit agir vite, briser le siège, ouvrir des couloirs humanitaires, imposer des sanctions et traduire les responsables de ce crime devant la justice internationale.
Chaque jour qui passe sans action condamne des enfants à mourir de faim. Chaque minute d’inaction renforce l’impunité de ceux qui orchestrent ce drame. Il ne s’agit plus d’une crise régionale, mais d’un test moral pour le monde entier : ou bien nous agissons maintenant, ou bien nous accepterons que la faim devienne une arme légitime de guerre au XXIe siècle.
L’histoire jugera sévèrement ceux qui, malgré les preuves et les cris d’alarme, auront choisi de détourner le regard.
G. Salah Eddine

Pratiques imposées au peuple palestinien par les sionistes :
L’Algérie condamne «avec fermeté»

aL’Algérie a condamné “avec la plus grande fermeté” les politiques et pratiques de l’entité sioniste à l’encontre du peuple palestinien, parmi lesquelles l’arme de la famine, utilisée contre les habitants de la bande de Ghaza, dans le cadre de la guerre génocidaire menée dans cette partie des territoires palestiniens occupés, a indiqué, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines.
“Dans un précédent d’une extrême gravité, qui constitue une première dans l’histoire de la question palestinienne et dans l’histoire de l’ensemble de la région du Moyen-Orient, l’Organisation des Nations unies a déclaré, vendredi, officiellement l’état de famine dans la bande de Ghaza”, lit-on dans le communiqué.
“Ce qui suscite le plus l’indignation et la réprobation, est que cet état de famine pleinement constaté n’est pas dicté par un cas de force majeure, mais constitue, en fait, un choix politique et le résultat de la planification de l’occupation israélienne”, précise la même source, soulignant que l'”état de famine proclamé n’est aucunement étranger, ni au projet de déplacement, ni au projet de réoccupation de Ghaza, ou encore moins au projet dit du “+Grand Israël+”.
“L’Algérie condamne avec la plus grande fermeté ces politiques et pratiques imposées au peuple palestinien, dans le contexte de la guerre génocidaire qui bat son plein à Ghaza, et appelle la communauté internationale, notamment le Conseil de sécurité de l’ONU, à assumer ses responsabilités dans l’action collective requise pour annuler le projet du +Grand Israël+ et préserver la viabilité de la solution à deux Etats comme base pour tout règlement juste, durable et définitif du conflit israélo-palestinien”, ajoute le communiqué.
L’Algérie, en tant que membre du Conseil de sécurité, réaffirme “son engagement à poursuivre ses efforts diplomatiques visant à soutenir le peuple palestinien et à œuvrer pour mettre fin à cette catastrophe humanitaire sans précédent et accélérer la création d’un Etat Palestinien indépendant et souverain avec El-Qods Echarif comme capitale”, conclut le communiqué.
G. S. E./APS


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