Il y a des Salons où l’on vient pour signer des contrats, et d’autres où l’on repart avec des émotions, des images et des sons gravés dans la mémoire. Le Creative Africa Nexus (CANEX), organisé en marge de l’Intra-African Trade Fair (IATF 2025) à Alger, a été l’un de ces rendez-vous rares où la culture se transforme en énergie collective et en levier économique.
Dès l’entrée du pavillon CANEX, le visiteur est happé par un tourbillon de couleurs, de musiques et de parfums. Ici, un défilé de mode a mis en lumière le talent des créateurs africains, entre tissus traditionnels et designs futuristes. Là, une scène vibrait au rythme des artistes venus du Nigeria, de l’Afrique du Sud ou d’Algérie, offrant un panorama sonore qui mêlait l’afrobeat, le jazz saharien et les sonorités électro du continent.
Le CANEX n’était pas une simple vitrine : c’était une immersion totale dans l’âme africaine. Chaque stand racontait une histoire, chaque produit portait une identité.
Le mariage entre culture et business
Le CANEX n’a pas été qu’un festival sensoriel. Conçu par Afreximbank, il s’inscrit dans une logique très concrète : démontrer que les industries culturelles et créatives sont l’un des plus puissants leviers de développement économique pour l’Afrique.
Des sessions de business-to-business ont permis à des créateurs de rencontrer des investisseurs, tandis que des tables rondes et masterclasses abordaient des thèmes stratégiques : la protection de la propriété intellectuelle, la monétisation à l’ère du numérique, ou encore l’exportation des contenus culturels vers de nouveaux marchés.
Wamkele Mene, secrétaire général de la ZLECAf, a rappelé que la réussite de l’IATF et du CANEX repose sur la capacité du continent à renforcer ses PME culturelles et à transformer la créativité en emplois durables.
Mode, musique, cinéma et littérature à l’honneur
Le programme du CANEX 2025 a brillamment illustré la richesse et la diversité des industries créatives africaines. Les défilés de mode ont fait sensation, confirmant l’émergence de Lagos, Dakar et Johannesburg comme capitales du textile créatif, tandis que les projections et discussions cinéma, organisées avec le Nigerian International Film Summit, ont exploré l’avenir de Nollywood et des coproductions africaines.
La musique n’a pas été en reste avec des concerts live mêlant artistes confirmés et jeunes talents, offrant une scène vibrante et fédératrice. Enfin, la littérature a trouvé son espace avec le CANEX Book Factory Prize, remporté par l’éditeur sud-africain Karavan Press pour In Silence My Heart Speaks de Thobeka Yose, une consécration qui confirme la vitalité et le rayonnement de l’édition africaine.
En accueillant le CANEX, l’Algérie a voulu montrer qu’elle n’est pas seulement un acteur énergétique, mais aussi une terre de culture et d’innovation créative. Des défilés, expositions et performances algériennes ont marqué les visiteurs, illustrant la richesse d’un pays au carrefour de l’Afrique et de la Méditerranée.
Une Afrique créative et artistique
Le CANEX a prouvé que la créativité n’est pas un divertissement secondaire, mais une force économique et diplomatique. Derrière chaque chanson, chaque film, chaque vêtement ou chaque livre présenté, il y avait une ambition claire : bâtir une Afrique qui s’affirme par sa voix, son style et sa pensée.
Plus qu’un événement parallèle de l’IATF, le CANEX a été une déclaration culturelle forte : l’Afrique ne se contente plus d’exporter ses matières premières, elle veut aussi exporter son imaginaire, ses récits et sa créativité.
G. Salah Eddine
