Exploitation des mines d’or en Algérie : Un projet stratégique de 4 milliards de dollars

Le groupe minier public Sonarem a dévoilé une ambition majeure : faire de l’Algérie un acteur crédible dans l’industrie aurifère mondiale. Avec la relance en 2026 des mines d’or de Tirek et Amesmessa, situées dans la wilaya de Tamanrasset, le pays s’engage dans une nouvelle ère d’exploitation minière fondée sur la technologie, la durabilité et le partenariat international.

Selon les déclarations du PDG du groupe, M. Belkacem Soltani, ce projet d’envergure s’appuie sur des réserves estimées à 60 tonnes d’or, représentant une valeur marchande supérieure à 4 milliards de dollars, et vise à positionner l’Algérie comme un acteur notable dans le secteur aurifère.
Cette relance, douze ans après l’arrêt des activités, s’inscrit dans un contexte mondial où la demande en or, valeur refuge par excellence, connaît une hausse structurelle alimentée par les incertitudes géopolitiques, l’inflation persistante et la dédollarisation progressive du commerce international. Pour l’Algérie, cette orientation répond à une double logique : diversification économique et valorisation du sous-sol national, dans la continuité des réformes introduites par la nouvelle loi sur les mines adoptée en 2023.

De la mine à ciel ouvert à l’exploitation souterraine
Les mines de Tirek et Amesmessa, qui s’étendent sur une superficie totale de 140.800 hectares, avaient déjà permis, entre 2001 et 2013, l’extraction de plus de 7 tonnes d’or à partir d’une fosse à ciel ouvert de 60 mètres de profondeur. Toutefois, la dynamique d’exploitation de l’époque ne permettait pas de mobiliser les gisements profonds identifiés par les études géologiques.
Comme l’a précisé M. Soltani : « Les données techniques actuelles montrent que la majeure partie du gisement se trouve à environ 400 mètres de profondeur, d’où le passage à l’exploitation souterraine nécessitant des moyens plus importants. »
Ce changement d’échelle suppose une mobilisation technologique considérable : systèmes d’aération, infrastructures souterraines, robotisation de l’extraction, traitement des minerais complexes et dispositifs de sécurité adaptés. Autant de défis qui requièrent un transfert d’expertise et des partenariats d’envergure internationale.

Attirer l’investissement
Pour relever ces défis, Sonarem a lancé, le 1er octobre dernier, un appel à manifestation d’intérêt national et international. L’objectif est de créer une société par actions, détenue à 51 % par Sonarem et à 49 % par un partenaire spécialisé, conformément à la législation minière. « Cet appel s’inscrit dans le cadre des efforts du secteur visant à attirer des partenaires nationaux et étrangers capables d’apporter leur expertise dans la valorisation des ressources minières et la promotion de l’exploitation aurifère dans le Sud algérien, considéré comme un pôle prometteur de richesses minières », a souligné le PDG.
Cette démarche illustre la nouvelle stratégie économique de l’Algérie, fondée sur une ouverture maîtrisée du capital et la recherche de partenariats à haute valeur ajoutée. Il ne s’agit pas d’une simple privatisation partielle, mais d’une alliance structurelle orientée vers la performance, la formation et l’innovation.
Le projet intègre également une dimension d’économie circulaire : « Ces résidus contiennent encore des quantités considérables de métal d’or. Cela leur confère une valeur économique supplémentaire et les rend éligibles à des opérations de traitement avancé », a expliqué M. Soltani.
Ainsi, l’exploitation des gisements primaires sera accompagnée du traitement des résidus miniers, permettant d’optimiser les ressources tout en réduisant l’impact environnemental. Cette approche renforce la durabilité du modèle algérien d’exploitation minière.

Un intérêt international déjà palpable
Les retombées diplomatiques et économiques de ce projet se manifestent déjà. Une délégation de la société indienne Sreevel a été reçue par Sonarem pour discuter du transfert de technologies et de la formation de la main-d’œuvre algérienne dans l’exploitation souterraine. Parallèlement, l’australien Lionsbig Group a manifesté son intérêt pour une coopération directe dans les projets d’extraction profonde.
Un responsable du ministère des Hydrocarbures et des Mines a confirmé que des discussions avancées sont en cours, traduisant l’attractivité croissante du modèle minier algérien auprès des grands opérateurs internationaux. Ces partenariats visent non seulement à moderniser les procédés, mais aussi à créer un écosystème industriel complet allant de l’extraction à la transformation.

Encadrement artisanal
La relance des mines de Tirek et Amesmessa s’inscrit dans un plan plus large de structuration de la filière aurifère. Comme l’a affirmé le PDG : « L’objectif est d’augmenter les capacités de production et de renforcer les réserves, tout en créant de nouveaux emplois au profit des habitants de la région et en soutenant son développement économique. »
Pour accompagner cette expansion, Sonarem prévoit l’ouverture de trois centres de traitement à In Guezzam, Tamanrasset et Djanet. Ces structures joueront un rôle déterminant dans la collecte légale de l’or artisanal, la traçabilité des transactions et la lutte contre l’exploitation illégale. L’enjeu est d’intégrer les artisans orpailleurs dans une filière formelle, régulée et économiquement viable.
La production nationale d’or, incluant les circuits artisanaux, a déjà dépassé 400 kg entre 2022 et fin septembre 2024, un niveau en nette progression. Avec la mise en service des nouveaux sites d’Aïn Abegui (In Guezzam) et Tekouiat (Tamanrasset), les projections de Sonarem prévoient un bond significatif de la production d’ici 2027, confirmant la montée en puissance de l’Algérie sur le marché aurifère africain.

Vers une nouvelle souveraineté
Au-delà des chiffres et des promesses économiques, la relance des mines de Tamanrasset marque une reconquête stratégique du sous-sol national. Elle traduit la volonté de l’État algérien de s’affranchir du modèle rentier classique centré sur les hydrocarbures, pour bâtir une économie fondée sur la transformation locale, la création de valeur ajoutée et le développement territorial équilibré. Les perspectives sont considérables : 4 milliards de dollars de valeur marchande, plusieurs milliers d’emplois directs et indirects et la création d’un pôle aurifère du Sahara central susceptible d’attirer d’autres investissements dans le cuivre, le fer et le lithium. Si les défis techniques, logistiques et humains sont immenses, la vision industrielle portée par Sonarem incarne une nouvelle phase du développement national : celle d’une Algérie minière, moderne, connectée aux marchés mondiaux, mais ancrée dans une logique de souveraineté et de durabilité.
G. Salah Eddine

ALGER 16 DZ

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