casbah d’alger : lieu de mémoire et d’histoire

La Casbah est un modèle d’urbanisme séculaire qui recèle des vestiges de la citadelle, des mosquées et des palais, dans une structure urbaine traditionnelle associée à un grand sens de la communauté. Malgré les mutations et les aléas sismiques subis, le quartier conserve son intégrité.

Par Fatiha M.
Dans l’ensemble, les éléments architecturaux gardent leur aspect d’origine qui exprime les valeurs ayant prévalu au classement du site en 1992 sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Le maintien de la fonction d’habitation a permis de consolider la viabilité du site autant que son image. Les opérations de restauration du patrimoine bâti engagées dans le cadre du plan de sauvegarde et de mise en valeur de ce quartier respectent les normes locales et nationales et contribuent à maintenir l’intégrité du site. La Casbah d’Alger fut classée site historique national en novembre 1991 et secteur sauvegardé en 2003.La gestion du site est assurée par la direction de la culture de la wilaya d’Alger. Il existe un besoin continu de conserver et réhabiliter le bien afin de prévenir la détérioration du tissu urbain. Les menaces dues aux séismes et aux incendies sont réelles alors que les glissements de terrain et les inondations constituent toujours des menaces possibles. Le plan de gestion prendra en considération ces questions et tiendra compte d’une zone tampon et des actions de suivi régulier. La Direction de culture de la Wilaya, en concertation avec le ou les présidents d’Assemblées Populaires Communales concernés, est l’agent de mise en œuvre et de gestion.
L’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (OGEBC) est chargé, par le ministère de la culture, de la gestion des monuments et sites archéologiques et historiques classés, y compris ceux situés à l’intérieur d’un secteur sauvegardé.

Spiritualité
Au pied de La Casbah se dresse la mosquée Ketchaoua. Son architecture mêle des influences mauresques, romaines, byzantines ; ces changements esthétiques évoquent les bouleversements historiques qu’a connus l’Algérie. A la prise d’Alger en 1830, le colonisateur français prend possession des biens habous et la mosquée Ketchaoua est convertie au culte catholique. La conversion cause la colère de la population locale, qui manifeste sa désapprobation une semaine durant. La manifestation est réprimée dans le sang et la mosquée Ketchaoua devient la cathédrale Saint-Philippe. Au lendemain de l’indépendance, Ketchaoua retrouve sa vocation cultuelle après 130 ans de culte catholique. La population locale se réapproprie la mosquée.
Témoin de plusieurs siècles d’histoire mouvementée, ébranlée par le séisme de 2003, la mosquée ferme en 2008. En 2013, un accord est conclu entre le ministère de l’Habitat et l’Agence turque de coopération et de coordination. Signé durant une visite en Algérie du président Recep Tayyip Erdogan, cet accord marque une nouvelle page dans les relations entre l’Algérie et la Turquie. Ketchaoua a retrouvé son faste d’antan après 37 mois de travaux. Le minbar a été restauré, le mihrab a été orné de calligraphies à la feuille d’or. Des claustras en bois précieux séparent la salle principale de celle réservée aux femmes.

Artisanat
Dans ses étroites ruelles sont nichées des boutiques d’artisans dont le savoir-faire se transmet et se perpétue tant bien que mal. Ces artisans qui font de la résistance travaillent le cuivre, le cuir, le bois. Mais la vocation principale de ce quartier mythique est l’habillement. Entre le square Port-Said et Djamaâ Lihoud, Zniqet Laârayess réunit tout ce qui fait le bonheur des futures mariées, qui s’y pressent pour leurs emplettes. Les boutiques regorgent de tissus, accessoires, fanfreluches, linge de maison… Dans les étages, les nombreuses couturières s’appliquent à réaliser les tenues traditionnelles, souvent brodées d’or, indispensables lors des cérémonies de mariage.

Chaâbi
En plus du savoir-faire artisanal que ses habitants essaient de perpétuer, la Casbah a depuis toujours été un lieu d’art. Elle y a vu naitre un style musical très ancré dans la culture algéroise et algérienne le chaâbi. Ce genre musical populaire mêle instruments orientaux du classique arabo-andalou à d’autres venus d’Occident. Le chaâbi naît au début du XXe siècle dans La Casbah d’Alger et rythme les fêtes religieuses, les baptêmes, les mariages, il accompagne les Algériens tout au long de leur vie.
Le chaâbi était une arme en temps de guerre. La Casbah, connue pour être un creuset de militantisme et de résistance, devient en 1954 un des bastions du FLN. En effet, ses ruelles étroites et nombreuses planques aident à la clandestinité du mouvement. Théâtre de la Bataille d’Alger en 1957, elle devient un lieu central d’affrontement. Face à la gravité du contexte politique, les artistes s’arrêtent de jouer afin de participer à l’effort de guerre. Mais d’autres vont être instrumentalisés par le FLN pour infiltrer les fêtes des quartiers “européens”. Ainsi, les performances de chaâbi étaient l’occasion de passer des messages, des codes et des mots de passe ou encore d’échanger des lettres ou des armes. Un moyen de participer à l’effort de guerre pour les habitants de la Casbah était d’organiser des fêtes afin de masquer les réunions des militants du FLN. C’était une façon de barrer la route aux militaires français lors des contrôles. En 1962, après plus de 7 ans de guerre et 132 ans de colonisation, l’indépendance est officiellement proclamée. Le pays entier se réjouit et recommence à chanter. Et le 3 juillet 1962, à minuit, le Cardinal El Anka entonne un morceau pour la première fois dans la Casbah d’Alger. Véritable hymne de victoire, ce morceau s’intitule El Hamdoulilah. Il remercie Dieu pour l’indépendance de l’Algérie pays devant une foule en liesse.
C’est un café emblématique de la rue Zoudj Ayoun, dans la Basse Casbah. Il a vu défiler d’illustres noms de la chanson chaâbi. Son dernier propriétaire était El Hadj M’hamed El Anka le Cardinal du style chaâbi. Lieu chargé de souvenirs et d’histoires du vieil Alger, ce café populaire tombait en décrépitude. Fermé pendant plusieurs mois, le café Malakoff a rouvert ses portes, après des travaux de rénovation, mais il a gardé son âme d’antan. Des photos de vedettes du chaâbi ornent ses murs. Dans les senteurs de thé à la menthe ou de café bien serré, il est bon de s’attabler au café Malakoff pour faire un voyage dans le temps…

Gastronomie
Les gourmets connaissent les bonnes adresses qu’ils échangent dans la discrétion. Nichés dans La Casbah-d’Alger, des restaurants, comme Dar El-Soltane et Dar El-Baraka, ont désormais une réputation sans faille.
Hammam Sidna raconte l’histoire de cette citadelle millénaire et de ses traditions ancestrales.
Né de la volonté de deux jeunes entrepreneurs, Dar El-Soltane était autrefois le hammam des filles de La Casbah. Elles y faisaient, toutes, leurs rituels de mariées dans la pure tradition algéroise”, a expliqué Ryad, ajoutant : «Aujourd’hui, cette tradition a disparu. La bâtisse était à l’abandon, livrée à elle-même et vouée à l’effondrement, comme le restant de la cité.”
Soucieux de son état, les deux amis la prennent en charge, en commençant par une grande opération de nettoyage et aménagent l’espace vert autour afin d’éradiquer les déchets qui s’y amoncelaient. Ensuite, est venue l’étape de la création du restaurant traditionnel qui devait redonner vie à l’espace. Pour rester fidèles à l’histoire des lieux et à leur origine, les deux associés ont gardé le même style architectural et de décoration. En effet, on y trouve arcades et piliers, voûtes et balcon, mais surtout un patio qui sert de grande salle d’accueil. Mobilier et vaisselle traditionnels y ajoutent un charme particulier. Pour la partie culinaire, l’authenticité ne manque pas. A Dar El Soltane, l’on mange traditionnel comme à la maison, comme à La Casbah : chorba, bourek, couscous, etc. avec en prime une animation musicale chaâbie pour plus de magie et d’émerveillement, ce qui contribue à la préservation de la tradition de La Casbah et de son identité.
F. M.

ALGER 16 DZ

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