Visite de travail du ministre espagnol de l’Intérieur à Alger : Consolider une coopération sécuritaire et stratégique

Le ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande- Marlaska, est arrivé dimanche soir à Alger pour une visite de travail à haute portée politique, effectuée sur invitation de son homologue algérien, Saïd Sayoud. Cette rencontre bilatérale, la première d’un tel niveau depuis la normalisation complète des relations algéro-espagnoles, a confirmé le retour progressif de la confiance diplomatique et sécuritaire entre les deux capitales, après deux années de turbulences diplomatiques.
Le ministre espagnol, accueilli personnellement par M. Sayoud à son arrivée à l’aéroport international Houari- Boumediene, a conduit une importante délégation gouvernementale comprenant les directrices générales des relations internationales et des affaires étrangères et de la protection civile et des urgences, Elena Garzón et Virginia Barcones, ainsi que le directeur général de la circulation, Pere Navarro, le commissaire général des étrangers et des frontières de la police nationale, Julián Avila, et le chef du commandement des frontières et de la police maritime de la garde civile, Manuel Navarrete, a rapporté le quotidien espagnol La Razón.
Cette visite est inscrite dans la continuité directe de la réunion de la commission mixte de suivi de la convention bilatérale en matière de sécurité, tenue à Madrid lundi dernier entre Elena Garzón et Kamel Kaili, directeur de la coopération du ministère algérien de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports. Cette rencontre a permis d’aborder des questions d’intérêt commun, notamment la lutte contre le trafic d’êtres humains, l’immigration illégale, ainsi que la coopération antiterroriste et la prévention de la criminalité organisée.

La migration clandestine, enjeu central des discussions
Selon le très célèbre média espagnol La Razón, Fernando Grande-Marlaska a profité de sa présence à Alger pour évoquer en priorité la question des flux migratoires dans un contexte marqué par une hausse notable des arrivées irrégulières vers les Baléares via la route algérienne. Cette situation a préoccupé les autorités espagnoles, qui ont misé sur un dialogue constructif avec Alger pour renforcer la coordination et la surveillance des routes migratoires maritimes. Cependant, l’approche algérienne sur la migration clandestine a différé sensiblement de celle privilégiée par certains pays européens. L’Algérie a défendu une vision globale et intégrée, reposant sur le traitement des causes profondes du phénomène, notamment par le développement économique et social des pays d’origine. Comme l’avait rappelé l’ancien ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, lors de la réunion des ministres du G7 tenue en Italie en 2024, cette approche a reposé sur un principe clair : aucune politique migratoire ne peut réussir sans stabilité et sans perspectives de développement durable au Sud.
Le président Abdelmadjid Tebboune a lui-même souligné à plusieurs reprises cette orientation lors de ses interventions publiques, en insistant sur la nécessité de combiner les efforts sécuritaires et humanitaires, tout en soutenant le développement des zones frontalières africaines par des projets structurants et des partenariats solidaires. Cette position, jugée « lucide et équilibrée » par plusieurs observateurs européens, a fait de l’Algérie un acteur incontournable dans la gestion concertée des migrations en Méditerranée.

Un partenariat redynamisé après deux années de tensions
Cette visite a ainsi marqué une reprise de dialogue de haut niveau entre Alger et Madrid, après la période de tensions diplomatiques survenue en 2022 à la suite du revirement espagnol sur la question du Sahara occidental.
Le retour progressif à la normale s’est matérialisé par la levée des restrictions commerciales, la reprise des échanges économiques et une reconnexion institutionnelle dans les secteurs clés : énergie, sécurité, mobilité et commerce. Dans ce cadre, la visite du ministre espagnol de l’Intérieur a constitué un jalon diplomatique majeur, témoignant de la volonté partagée des deux États de consolider leurs liens à travers une coopération pragmatique, axée sur la sécurité régionale et la stabilité en Méditerranée occidentale.

Une coopération au-delà de la sécurité
Mais la relation algéro-espagnole ne s’est pas limitée au seul prisme sécuritaire. Sur le plan économique, Madrid a vu dans l’Algérie un partenaire énergétique et commercial stratégique, à un moment où l’Europe a cherché à diversifier ses approvisionnements et à renforcer ses partenariats sud-méditerranéens. L’Espagne a ainsi entendu renforcer sa présence sur le marché algérien, notamment dans les secteurs des infrastructures, des énergies renouvelables et du numérique, où plusieurs entreprises ibériques ont déjà manifesté leur intérêt. L’Algérie, de son côté, a considéré l’Espagne comme une plateforme européenne privilégiée pour la valorisation de ses exportations hors hydrocarbures et pour le transfert de savoir-faire technologique, en particulier dans les domaines de la logistique portuaire, du transport maritime et de la gestion urbaine.

Une nouvelle dynamique méditerranéenne
Cette relance du dialogue entre les deux ministères de l’Intérieur est intervenue à un moment charnière pour la Méditerranée, confrontée à une multiplication des défis communs : migration, criminalité transnationale, changement climatique et sécurité énergétique.
Dans cette configuration, Alger et Madrid ont entendu parler d’une seule voix sur la scène régionale, en promouvant une approche coopérative, équilibrée et souveraine des questions de sécurité et de développement.
La présence d’une délégation espagnole aussi étoffée a illustré la portée stratégique de cette visite, qui a visé à renforcer la coordination opérationnelle entre les deux pays, tout en réaffirmant l’importance du dialogue politique direct comme levier de stabilité régionale.
En somme, la visite du ministre espagnol de l’Intérieur à Alger a consacré la réouverture d’un canal stratégique entre deux partenaires historiques, désormais résolus à tourner la page des malentendus pour bâtir un avenir fondé sur la confiance, la solidarité et la convergence d’intérêts.
G. Salah Eddine

Saïd Sayoud : «L’Algérie n’utilise en aucun cas la question de la migration irrégulière comme un moyen de chantage»

Dans un contexte de relance du dialogue sécuritaire entre Alger et Madrid, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, a rappelé hier les principes de l’Algérie en matière migratoire, lors d’une rencontre bilatérale à l’hôtel El Aurassi d’Alger, avec son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska.
Face à un sujet souvent instrumentalisé sur la scène internationale, le ministre a tenu un discours empreint de clarté et de fermeté, affirmant que « l’Algérie n’utilise en aucun cas la question de la migration irrégulière comme un moyen de chantage ou de pression à l’égard des pays de destination, contrairement à certaines parties ».
Une déclaration de principe qui illustre la ligne éthique de la politique étrangère algérienne, refusant toute exploitation cynique des flux humains à des fins géopolitiques.
Pour M. Sayoud, il s’agit avant tout d’une question humaine : « La souffrance de personnes comme nous, poussées par la précarité économique et les crises, doit primer sur toute autre considération. »
Le ministre a rappelé que l’Algérie et l’Espagne font face à des défis communs face aux flux migratoires irréguliers en Méditerranée occidentale, plaidant pour une approche équilibrée, conjuguant sécurité, humanité et développement.
Entre 2024 et 2025, plus de 100 000 tentatives de traversée clandestine ont été déjouées et 82 000 migrants reconduits dans leurs pays d’origine dans des conditions respectueuses de leur dignité. Ces chiffres traduisent la rigueur de la politique algérienne, mais aussi sa dimension profondément humaniste, fidèle à ses engagements internationaux.
M. Sayoud a également mis en lumière les efforts menés pour démanteler les réseaux transnationaux de trafic d’êtres humains et renforcer la coopération avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), afin de faciliter les retours volontaires et accompagner les migrants dans leur réinsertion.
Le partenariat avec l’Espagne, a-t-il ajouté, constitue un pilier central de cette stratégie, à travers l’échange d’informations et la coordination dans la lutte contre la criminalité organisée.

Une doctrine fondée sur la souveraineté et le respect
Au-delà des chiffres, le ministre a souligné la cohérence doctrinale de la politique migratoire algérienne, fidèle à ses principes de souveraineté nationale et de respect du droit international.
« Notre action vise avant tout à protéger nos intérêts nationaux et à préserver notre sécurité intérieure, tout en conciliant les exigences sécuritaires, les considérations humanitaires et nos obligations internationales », a-t-il déclaré.
Cette approche s’inscrit dans la continuité du positionnement du président Abdelmadjid Tebboune, qui fait de la dignité humaine, de la stabilité régionale et de la solidarité africaine les fondements de la politique étrangère algérienne.
Pour Alger, la migration irrégulière ne saurait être réduite à un dossier sécuritaire : elle reflète avant tout les déséquilibres économiques et géopolitiques mondiaux, qui appellent des réponses fondées sur la coopération et le développement équitable.
Au fond, le message du ministre dépasse la simple déclaration diplomatique : il rappelle que la migration n’est pas une arme, mais un drame humain — et que la seule réponse durable repose sur la solidarité, la coopération et la dignité partagée entre les peuples des deux rives.
G. S. E. 

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