
Le gouvernement veut grâce à ce mode de financement aider les transporteurs à acquérir des bus dans le cadre de la grande opération d’importation décidée par le président de la République Abdelmadjid Tebboune pour renouveler le parc national.
L’Algérie accélère la modernisation de son réseau de transport public, en misant sur une approche à la fois économique, sociale et sécuritaire. L’importation de 10 000 bus ne se limite pas à une simple opération logistique : elle s’inscrit dans une stratégie nationale de relance du secteur et d’inclusion des jeunes dans l’économie réelle, via un dispositif d’aide publique structuré. Dans ce sens, le gouvernement a intégré le dispositif d’aide à l’emploi des jeunes Anade (ex-Ansej) dans cette vaste opération de renouvellement du parc national.
Répondant à une requête parlementaire, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports Saïd Sayoud a expliqué que ce partenariat entre les banques et l’Anade permettra de financer jusqu’à 70 % du coût d’acquisition des bus, avec un plafond de 10 millions de dinars par projet. Ce dispositif cible particulièrement les transporteurs de moins de 40 ans, ouvrant la voie à une nouvelle génération d’entrepreneurs du transport. L’objectif : permettre aux jeunes transporteurs d’accéder à la propriété de nouveaux véhicules grâce à des crédits bancaires bonifiés, garantis par l’État.
L’État espère ainsi conjuguer création d’emplois, amélioration du service public et renforcement de la sécurité routière dans un secteur longtemps marqué par le vieillissement du matériel roulant et le manque d’encadrement financier.
Cette réforme a été décidée dans un contexte de réflexion urgente sur la sécurité des transports. L’accident tragique d’oued El Harrach, survenu en août dernier et ayant coûté la vie à 18 personnes, a agi comme un électrochoc. Dans la foulée, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné une série de mesures fortes : l’importation rapide de 10 000 bus neufs, la mise à jour du cadre réglementaire et le retrait des véhicules vétustes de plus de 30 ans.
D’ailleurs, lors de la cérémonie d’installation du nouveau wali de Batna, Saïd Sayoud avait annoncé le lancement effectif de l’opération d’importation des bus neufs. Selon lui, les premières livraisons débuteront dès le mois de novembre, avec un rythme soutenu de 2 000 véhicules par mois. Ce calendrier permettra d’assurer la réception complète des 10 000 bus avant la fin du mois de mars prochain, marquant ainsi une étape majeure dans la modernisation du parc national de transport.
Le ministre a également fait le point sur la mise hors circulation des bus de plus de 30 ans, conformément aux instructions du président Abdelmadjid Tebboune. Un recensement détaillé est actuellement mené conjointement par le ministère de l’Intérieur et celui de l’Industrie afin d’identifier les véhicules concernés. Des mesures opérationnelles précises seront déployées pour garantir l’application de cette directive dans un délai de six mois, avec pour objectif de renforcer la sécurité routière et d’assainir le parc roulant. Dans sa réponse aux députés, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Intérieur a souligné que ses services œuvrent également à la révision du cahier des charges régissant le transport des voyageurs. Cette actualisation vise à imposer des normes plus rigoureuses en matière de sécurité, d’hygiène et d’entretien.
Pour assurer un contrôle continu sur le terrain, le ministre a annoncé la création de commissions mixtes réunissant des représentants des Directions des transports, de l’environnement, de l’industrie, des communes et des services de sécurité. Ces équipes auront pour mission d’effectuer des inspections périodiques afin de garantir la conformité des véhicules et le respect des standards exigés.
Ainsi, au-delà du simple renouvellement du parc, cette réforme marque la volonté de l’État d’instaurer une culture de rigueur, de transparence et de responsabilité dans le secteur du transport public, au service de la sécurité des citoyens et de la modernisation du pays.
À travers cette opération, l’Algérie veut faire du transport public un levier de développement territorial et social, tout en plaçant la jeunesse au cœur de la relance économique. Moderniser le parc, soutenir les jeunes entrepreneurs et renforcer la sécurité : trois axes qui traduisent la volonté du gouvernement de bâtir un modèle plus inclusif, plus efficace et plus sûr.
Cette politique du bus n’est pas qu’une affaire de mobilité ; c’est une politique d’avenir. Elle relie l’infrastructure à l’emploi, la sécurité à la confiance, et la jeunesse à la reconstruction d’un service public moderne. Dans un pays où la route reste la colonne vertébrale de l’économie, le renouvellement du parc n’est pas un simple projet mécanique — c’est un pari sur une Algérie qui roule vers le progrès, conduite par sa jeunesse.
G. Salah Eddine













